Numéro 7, novembre 2021

Discours, plurilinguisme et construction des savoirs dans les MOOC

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DOI: https://doi.org/10.52358/mm.vi7

Publié-e: 2021-11-09

Mariana Fonseca Favre, Claire Peltier, Baptiste Campion

Les MOOC et autres dispositifs de formation entièrement ou partiellement à distance ont souvent recours, notamment pour des raisons d'accessibilité, à la langue anglaise et à des formats médiatiques assez standardisés (tel le face camera). Toutefois, les implications des choix d'écriture posés lors de la conception de ces productions éducatives restent insuffisamment interrogées. Cet éditorial cherche à mettre en perspective les questions transversales soulevées par ces choix de réalisation, leurs causes et leurs conséquences possibles. Il argumente de la nécessité de développer des recherches interdisciplinaires sur ces dispositifs de formation à distance reposant en grande partie sur la vidéo, en remettant en question, de manière systématique, la manière dont s'articulent en leur sein les composantes linguistique, discursive et médiatique, dans des contextes institutionnels et techniques généralement structurants. Il conclut en présentant les contributions de ce numéro consacré au rôle des langues et des discours dans la construction des savoirs dans les MOOC et autres dispositifs de formation à distance.

Annick Rivens Mompean, Sophie Babault

Concevoir un MOOC en didactique des langues conduit à être confronté à un ensemble de paradoxes qui peuvent être analysés à la lumière de la notion de système. Ainsi, les aspects techniques, qui découlent en partie des principes constitutifs de l’objet MOOC, agissent en retour sur les choix didactiques et les démarches méthodologiques mises en œuvre par les concepteurs. C’est dans cette perspective que nous interrogerons ces choix faits lors de la mise en œuvre de ce type de MOOC, en vue d’usages que l’on pourrait qualifier de « didactiquement corrects », au prix d’adaptations plus ou moins contraignantes ou de contournements. Afin de mettre en évidence les tensions en jeu, nous procédons à une modélisation qui sera appliquée à l’analyse de trois MOOC en didactique des langues. Cette analyse nous conduit à mettre en évidence le rôle des discours comme régulateurs de tensions.

Laurent Gajo, Mariana Fonseca Favre, Gabriela Steffen

Les MOOC, dans leur ambition de transmission des savoirs à large échelle, privilégient les langues à grande diffusion, souvent l’anglais, et fonctionnent souvent dans une seule langue. Dans cet article, nous remettons en question le rôle du plurilinguisme dans les MOOC et, en particulier, le mécanisme de l’alternance codique, qui peut intervenir à divers niveaux et concerne notamment la place et l’usage du sous-titrage. En croisant les regards des concepteurs, des conceptrices, des usagers, des usagères et des linguistes, nous décrivons le potentiel du plurilinguisme non seulement pour la communication des savoirs, mais pour leur problématisation. Notre analyse permet de revenir sur la tension entre les processus d’universalisation et de contextualisation.

Deborah Meunier, Audrey Thonard

A partir d’exemples concrets de ressources et d’activités pédagogiques, nous interrogerons la médiation des savoirs induite par Le MOOC ULiège « Moi, prof de FLE » : quel est le potentiel didactique du MOOC et son effet sur le processus de médiation des savoirs ? Que la médiation soit humaine, technique ou documentaire, le dispositif détermine la transposition didactique : la posture de l’enseignant, celle des participants, la nature des savoirs et des discours en circulation. Nous analyserons plus particulièrement les spécificités de l’écriture communicationnelle et la polyphonie énonciative du discours de l’enseignant, ainsi que les types de tâches individuelles et collaboratives et leur impact sur la coconstruction collaborative et ouverte des savoirs.

Teurra Fernandes Vailatti

Dans ce travail nous nous focalisons sur le rôle du plurilinguisme dans la production d’une capsule vidéo pour la diffusion et la vulgarisation d’une recherche scientifique dans le cadre d’un événement promu par une université brésilienne. Devant l’usage privilégié du portugais (langue nationale) et de l’hégémonie de l’anglais dans la production scientifique, nous montrons l’importance de l’intégration du plurilinguisme pour une construction plurielle des savoirs. Le compte rendu de cette expérience a pour but de contribuer à l’amélioration des pratiques communicatives de l’enseignement supérieur qui visent à atteindre un public non spécialisé.

Carole Cattin

Cet article, dont le but est de faire ressortir quelques enjeux pédagogiques dans le passage de deux cours universitaires à un MOOC, se base sur la réflexion entamée dans notre travail de mémoire qui a été réalisé dans le cadre d’un projet MOOC intitulé « Langues et diversité : de la variation au plurilinguisme » actuellement conçu à l’Université de Genève. C’est donc en nous appuyant sur ce projet axé sur la diversité linguistique que nous allons mettre l’accent sur certaines adaptations à apporter, tant sur le plan des contenus que du discours, pour que les enseignements donnés en présentiel soient adaptés au dispositif d’un MOOC.

Baptiste Campion, Claire Peltier

entretien avec Laurent Turcot vise à cerner la manière dont un enseignant aborde la vidéo dans son activité d’enseignement ainsi que dans une activité de vulgarisation à destination du grand public sur la plateforme YouTube. Cet entretien met l’accent sur la manière dont Laurent Turcot en est venu à la vidéo et aborde la conception, l’écriture, la réalisation et la réception de ses capsules vidéo à vocation pédagogique et de vulgarisation.

Stéphanie Chauveau

Au cours des années 2010, la création et le partage de vidéos à des fins éducatives ont connu une croissance exponentielle. Ces pratiques ont été rendues possibles par l’amélioration de la qualité des réseaux, la démocratisation de technologies (smartphones, tablettes) et l’apparition de plateformes d’hébergement (en particulier YouTube). On a ainsi vu émerger de nouveaux formats d’enseignement à distance reposant principalement sur leurs usages : MOOC, SPOC, mais aussi des formations hybrides synchrones ou asynchrones. Au cœur de ces nouveaux formats pédagogiques, ces vidéos permettent d’articuler un propos et une mise en images. Pour autant, celles-ci sont souvent livrées en tant que simples illustrations. Dans ce contexte, comment concevoir des capsules pédagogiques pertinentes, intégrées à des scénarios innovants qui tirent réellement parti de leurs potentialités et favorisent la coconstruction des représentations et des savoirs? Lors d’un entretien, Michaël Bourgatte et Laurent Tessier, enseignants-chercheurs à l’Institut Catholique de Paris (ICP), évoquent leurs pratiques au sein d’un projet de laboratoire universitaire des innovations pédagogiques. Ils témoignent d’initiatives montrant que la vidéo mettant en scène des témoignages et des récits d’expérimentations peut être source de partage entre pairs et, à l’occasion, le recours à des outils d’annotation peut favoriser l’engagement de l’apprenant.