Numéro 8, novembre 2021

DOI: https://doi.org/10.52358/mm.vi8

Publié-e: 2021-11-08

Cathia Papi

Ce numéro 8 de la revue Médiations et médiatisations est le premier numéro régulier ou varia depuis sa création fin 2018. Les différents articles de ce numéro font ressortir les questionnements et difficultés éprouvées par différents types d’acteurs de l’éducation et invitent à ne jamais oublier que du crayon à l’ordinateur, du primaire à l’universitaire, ce sont des humains se construisant dans les interactions avec leurs semblables, qui sont au cœur des établissements d’éducation et de formation. Ce premier varia est composé d’un article de recherche, deux articles de praticiens, trois articles de débats-discussion et un article de témoignage.  

Matthieu Cisel

Le Carnet Numérique de l’Élève-Chercheur (CNEC) est une application dont la fonction principale est d’étayer des démarches d’investigation. Il vise notamment à faciliter la rédaction de propositions scientifiques : questions, formulation d’hypothèses ou de protocoles. Au cours d’une étude de terrain menée auprès de quatre enseignants dans deux écoles primaires et deux collèges, nous nous sommes intéressé aux modes d’appropriation de la technologie par les praticiens. Nous avons mobilisé la théorie de l’activité d’Engeström pour appréhender, au prisme de la notion de contradiction, les tensions que génère en classe l’utilisation des étayages. Bien que les intentions didactiques portées par le CNEC soient alignées avec les programmes, elles entrent en contradiction avec la manière dont les praticiens mènent généralement une démarche d’investigation. Le risque de dévoiement des fonctionnalités s’en trouve accru, ce qui limite la possibilité d’utiliser les étayages pour la formation continue des enseignants, l’un des rôles qui leur avait été initialement attribué

Matthieu Cisel

En France, on demande de manière croissante aux laboratoires d’accompagner les projets de conception de technologies éducatives, sans nécessairement les mettre en position d’influer significativement sur ledit processus de conception. Pour pouvoir produire des résultats scientifiques, les chercheurs sont mis face à la nécessité de formuler leurs problématiques de sorte que les inévitables aléas de projets de conception inscrits dans la durée n’affectent pas de manière conséquente la productivité de leur travail. Dans cette contribution fondée sur un cas d’étude, le Carnet Numérique de l’Élève-Chercheur, nous revenons sur les trajectoires de plusieurs problématiques explorées dans le cadre de sa conception. Là où certaines sont imperméables aux difficultés du projet, d’autres doivent disparaître ou évoluer du fait de problèmes techniques rencontrés par le prototype, voire apparaissent en cours de conception, quand apparaît l’opportunité de produire des résultats originaux. Nous détaillons, sous la forme d’un retour d’expérience, les raisons sous-tendant ces choix.

Sophie Nadeau-Tremblay, Jessica Métivier

L’initiative École en réseau (ÉER) soutient des enseignants pour qu’ils collaborent à des projets interclasses pour enrichir et diversifier l’environnement d’apprentissage par le numérique (Allaire et al., 2008). Les pratiques mises en œuvre ont permis de développer dans l’ÉER une expertise dans le travail en réseau et l’apprentissage connecté (Bruillard et al., 2021). Au printemps 2020, la situation mondiale a forcé le monde éducatif à revoir sa manière de soutenir les élèves. La transposition de la classe en réseau à la classe à distance a été aisée pour les enseignants de l’ÉER. L’article relate l’innovation, la collaboration et l’apprentissage en réseau de cette forme pédagogique particulière mise en œuvre par l’ÉER pour la formation à distance des enseignants et l’enseignement à distance des ordres d’enseignement préscolaire et primaire

Don Olcott Jr.

Cet article soutient que la transformation numérique et le leadership numérique sont des mythes. Le leadership numérique est une illusion et n'existe pas. Il n'y a qu'un bon leadership et un mauvais leadership... ou aucun leadership. Il est faux de penser qu'ajouter plus de technologie modifiera la qualité du leadership et conduira à une transformation organisationnelle. La transformation numérique n'est pas une question de technologie. Il s'agit de leaders visionnaires qui ont la capacité de conduire un changement systémique et d'apporter un nouveau continuum d'avantages à tous les acteurs. Ces leaders intègrent les changements dans les valeurs, la culture et l'objectif de l'organisation. Les outils numériques ne sont qu'une des ressources qui aident les dirigeants dans cette quête. Aujourd'hui, le continuum de qualité de l'enseignement ouvert et à distance est plus fort que jamais dans l'histoire de la profession. Certes, il y a et il y aura des changements dans les pédagogies, mais des pédagogies puissantes existent déjà. Nous devons simplement les dégrouper et les intégrer dans toutes les disciplines à l'aide d'outils numériques. Un leadership visionnaire qui apporte empathie et confiance pour responsabiliser et engager les étudiants, le corps enseignant et la communauté est l'outil le plus puissant dont nous disposerons à l'avenir. Les personnes, et non la technologie, sont la ressource la plus précieuse de nos organisations.

Isabelle Carignan, Steve Bissonnette, Marie-Christine Beaudry

École à distance, cours asynchrone, cours en ligne synchrone : la pandémie mondiale entraine une scolarisation des élèves à la fois en présentiel et en virtuel. Le présent article propose une réflexion sur l’école virtuelle. Basé à la fois sur des observations de parents-chercheurs et des écrits scientifiques, l’article met en relief les points positifs et négatifs liés à l’école virtuelle. Il ressort notamment de cela que l’école virtuelle ne peut devenir une solution à long terme, et ce, ni pour les élèves et leurs enseignants, ni pour les parents. L’école virtuelle constitue donc une solution d’urgence à court terme pendant la pandémie

Isabelle Carignan, Steve Bissonnette, Charlette Ménard, Marie-Christine Beaudry, Joanie Viau

L’enseignement en ligne en mode synchrone a apporté son lot de défis pour les enseignants du primaire et du secondaire depuis le début de la pandémie de COVID-19 en mars 2020. Basé sur des observations réalisées auprès de 10 classes du primaire et du secondaire au Québec et en Ontario, ainsi que sur des discussions avec des enseignants, cet article de réflexion présente quelques constats sur la gestion de classe, qui semble beaucoup plus ardue à faire en ligne qu’en présence. Enseigner virtuellement demeure donc une solution d’urgence si la situation l’oblige. Autrement, l'enseignement en personne demeure ce que nous pouvons offrir de mieux aux élèves.  

Nicolas Gagnon

Il est inévitable que la pandémie de COVID-19 aura des effets considérables sur l'éducation des adultes (Boeren, Roumell & Roessger, 2020; Kapplinger & Lichte, 2020) et les pratiques d’enseignement et d'apprentissage en ligne. L’ampleur du phénomène est historique et a probablement entraîné la transformation la plus importante et la plus rapide des pratiques pédagogiques jamais observée dans les universités contemporaines (Brammer & Clark, 2020). Bien qu'il soit trop tôt pour en mesurer tous les effets, l’une des premières étapes vers une meilleure compréhension du phénomène consiste à recueillir, à analyser et à mettre en perspective les macro-tendances qui semblent se dessiner à l’horizon. Ainsi, en prenant appui sur la littérature scientifique et professionnelle publiée depuis mars 2020, l'objectif de cet article est triple : (i) dans le contexte de la pandémie de COVID-19, identifier, analyser et mettre en perspective les tendances émergentes qui pourraient façonner l'avenir de l'éducation des adultes en enseignement supérieur, (ii) analyser certaines de ces tendances sur une période allant au-delà de celle couverte par la pandémie, et (iii) poser un regard prospectif sur l’avenir.

Martha Lucia Orellana Hernandez, Gustavo Adolfo Angulo Mendoza

Afin de former des chercheurs de haut calibre qui contribueront au développement scientifique du pays, trois universités colombiennes se sont associées pour offrir un programme de doctorat en génie, qui comporte trois axes de recherche : l’automatisation, l’énergie et l’informatique. Le programme a été agréé par le ministère de l’Éducation de la Colombie pour être offert en mode présentiel. Pour satisfaire à l’exigence de présence physique, les étudiants se rendent sur le campus de l’établissement où ils se sont inscrits. Toutefois, chaque cours est donné, au moyen d’un système de vidéoconférence, par un professeur qui peut se trouver dans l’une des trois universités partenaires. En raison de la crise sanitaire provoquée par la pandémie de COVID-19, ni les étudiants ni les professeurs n’ont pu être présents physiquement et ont été contraints de suivre et de dispenser leurs cours entièrement à distance. Cette nouvelle réalité a été le catalyseur qui a poussé les autorités universitaires à vouloir transformer la modalité de diffusion du programme. Dans cet entretien, trois professeurs présentent leurs perceptions au sujet de cette transformation.