revue-mediations.teluq.ca N
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11, 2022
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Revue internationale sur le numérique en éducation et communication
© Auteurs. Cette œuvre est distribuée sous licence Creative Commons 4.0 International.
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moyens de faire face à la crise climatique à ceux qui permettront de maîtriser l’emprise des nouvelles
technologies sur nos vies. Je vais commencer évidemment par ce qui est pour moi le premier chapitre,
celui qui consacre l’engagement de femmes et d’hommes qui photographient les soubresauts du monde,
les conflits et les guerres au péril de leur vie et, parfois, qui la sacrifient. Ce chapitre sera consacré à la
représentation de la violence avec un coup de chapeau à toute la profession du photojournalisme.
Donc ce projet, activement soutenu par le président de l’association, Renaud Donnedieu de Vabres, par
les membres du conseil d’administration et par nos partenaires, a pour vocation d’intéresser tous les
publics, en présentant des thématiques et un traitement qui soient vraiment accessibles à tous. Je veux
mettre en place une approche pluridisciplinaire pour interroger le photojournalisme dans tous ses points
de contact avec les autres pratiques photographiques, mais aussi les autres pratiques artistiques. Cette
orientation est intéressante également pour les ateliers pédagogiques qui peuvent ouvrir les champs et
mixer les bénéficiaires.
Par ailleurs, le vaste parvis du couvent des Minimes pourrait accueillir des initiatives éclectiques; il pourrait
même accueillir un marché de producteurs locaux! On pourrait très bien faire venir des exploitants du
territoire pour diversifier les raisons de venir au CIP : aller faire ses courses, venir voir une exposition de
photos, boire un café et voir une performance pourrait rassembler des publics variés. Ensuite, l'après-midi,
on pourrait encore se rendre dans une autre organisation culturelle pour assister à un spectacle ou à un
film. J’ai tout cela en tête quand je vous parle d’événementialiser ce lieu. Cela devrait pouvoir se réaliser
en étroite collaboration avec les partenaires institutionnels de l’association et les autres acteurs culturels;
cela me semble être une piste intéressante à creuser. Nous verrons si l’expérience nous donne raison ou
s’il faut changer nos axes d’expérimentation.
Thierry Gobert – Sur Internet, la plupart des structures qui abondent dans le sens d’une identité
de hub social, aujourd’hui, mettent en avant des valeurs, de l'éthique.
JEAN-LUC SORET –
Oui. Bien sûr. La liberté d'expression est vraiment le cœur battant de Visa pour
l'image. C'est une évidence, mais c’est quand même bien de le rappeler, surtout dans le contexte actuel.
Le site web du Centre international du photojournalisme propose une charte de déontologie de la
profession. Cela infuse aussi les actions pédagogiques destinées à tous les publics, des jeunes jusqu’aux
moins jeunes, sans oublier les publics empêchés.
Cela dit, même si nous avons dans toute l’équipe à l’esprit des valeurs et une éthique, je me garderais
bien, à titre personnel, de faire la promotion d’une vertu trop revendicative. Tendre vers un rapport vertueux
au monde n’est pas forcément l’atteindre. L’important, c’est le chemin qui y mène. L’association tendra,
par exemple, vers une sorte d’écoresponsabilité dans la conception de ses projets, dans la réalisation de
ses expositions. J’essaierai, dans la conception des expositions, de faire très attention au recyclage des
éléments scénographiques, aux systèmes d’éclairage les moins énergivores, à la façon de pouvoir
économiser le plus possible sur les transports des photojournalistes éloignés, que ce soit pour la
préparation de l’exposition ou même celle de colloques. La crise de COVID nous a appris à composer
avec d’autres formes de présence que je compte continuer d’utiliser.
Mais il y a toujours plus vertueux que soi, et il peut nous arriver d’être animés, pour la plupart d’entre nous,
d’élans contradictoires. Si tendu que l’on soit vers la vertu écologique, nous produisons une quantité
conséquente de déchets plastiques, carburons à l’énergie fossile ou nucléaire, sommes collés à nos
interfaces mobiles et autres outils technologiques dont on peut vraiment discuter les bilans humains et
carbone. Nous voulons tous mieux faire, mais brandir un étendard et se présenter comme un parangon
de vertu, je préfère éviter. Je me méfie également d’une certaine moraline et de tous ceux qui déclarent