Revue internationale sur le numérique en éducation et communication
revue-mediations.teluq.ca N
o
11, 2022
10
© Auteurs. Cette œuvre est distribuée sous licence Creative Commons 4.0 International.
© Auteurs. Cette œuvre est distribuée sous licence Creative Commons 4.0 International
revue-mediations.teluq.ca | N
o
11, 2022
1
Sphèreprivée,sphèrescolaireetporosités
desusagesdunumériquecomme
révélateursdehubssociauxetéducatifs?
Privatesphere,schoolsphereandporositiesofdigitalusesas
revealersofsocialandeducationalhubs?
¿Esferaprivada,esferaescolaryporosidadesdelosusos
digitalescomoreveladoresdehubssocialesyeducativos?
https://doi.org/10.52358/mm.vi11.283
Jean-François Céci, chercheur associé
Laboratoire Techné, Université de Poitiers, France
jean-francois.ceci@univ-pau.fr
RÉSUMÉ
Apprendre et enseigner avec le numérique sont des activités à étudier et mettre au regard des
espaces support de ces pratiques du numérique, et du tissu social correspondant. Nous
proposons une étude des porosités d’usages du numérique entre espaces situés, à savoir la
sphère privée et la sphère scolaire, que ce soit pour les apprenants ou leurs enseignants.
Finalement, les enseignants avec de fortes pratiques numériques éducatives, ont-ils de fortes
pratiques numériques personnelles pour les alimenter, ou réciproquement? De même, les
apprenants avec de fortes pratiques numériques personnelles sont-ils plus aptes à apprendre
avec le numérique à l’école, plus motivés par l’instrumentation des dispositifs pédagogiques?
Pour répondre à ces questions et étudier toutes formes de porosités entre sphères privée et
éducative, nous utilisons les résultats d’une enquête sur les usages du numérique, des
apprenants du collège à l’université et de leurs enseignants. Nous démontrons que plusieurs
formes de porosités existent, avec un sens de transfert le plus souvent bien défini. Enfin, ces
espaces situés et les porosités afférentes peuvent être des révélateurs de hubs sociaux et
éducatifs, ainsi que gage de prescriptions pour une meilleure prise en compte du numérique
en éducation.
revue-mediations.teluq.ca N
o
11, 2022
11
Revue internationale sur le numérique en éducation et communication
© Auteurs. Cette œuvre est distribuée sous licence Creative Commons 4.0 International.
revue-mediations.teluq.ca | N
o
11, 2022
2
Mots-clés :
usages, numérique, porosité, sphère éducative, sphère privée, professionnalité,
hubs
ABSTRACT
Learning and teaching with digital technology are activities to be studied and compared to the
support spaces for these digital practices and the corresponding social fabric. We propose a
study of the porosities of digital uses between situated spaces, namely the private and
educational spheres, for learners or their teachers. In the end, do teachers with strong digital
educational practices in a school contexthave strong personal digital practices to feed them or
vice versa? Similarly, are learners with strong personal digital practices more apt to learn with
digital at school and more motivated by the instrumentation of educational devices? To answer
these questions and study all forms of porosities between private and educational spheres, we
use the results of a survey on the uses of digital technology among learners from college to
university and their teachers. We demonstrate that several forms of porosities exist, with a
direction of transfer most often well defined. Finally, these situated spaces and the related
porosities can be indicative of social and educational hubs, as well as a source of prescriptions
for a better consideration of digital technology in education.
Keywords:
uses, digital learning, porosity, educational sphere, private sphere, hubs
RESUMEN
Aprender y enseñar con tecnología digital son actividades para estudiar y comparar con los
espacios de apoyo a estas prácticas digitales y con el tejido social correspondiente.
Proponemos un estudio de las porosidades de los usos digitales entre espacios concretos, a
saber, la esfera privada y la esfera escolar, ya sea para los alumnos o para los profesores. Al
final, ¿los docentes con fuertes prácticas educativas digitales en un contexto escolar tienen
fuertes prácticas digitales personales para alimentarlas, o viceversa? Del mismo modo, ¿son
los alumnos con fuertes prácticas digitales personales más aptos para aprender con lo digital
en la escuela, más motivados por la instrumentación de dispositivos educativos? Para
responder a estas preguntas y estudiar todas las formas de porosidad entre las esferas
privada y educativa, utilizamos los resultados de una encuesta sobre los usos de la tecnología
digital, en estudiantes del colegio a la universidad y en sus profesores. Finalmente, estos
espacios concretos y las porosidades relacionadas pueden ser indicativos de hubs sociales y
educativos, así como aspectos para tener en cuenta para considerar de forma más adecuada
de las tecnologías digitales en la educación.
Palabras clave:
usos, aprendizaje digital, porosidad, ámbito educativo, ámbito privado, hub
revue-mediations.teluq.ca N
o
11, 2022
12
Revue internationale sur le numérique en éducation et communication
© Auteurs. Cette œuvre est distribuée sous licence Creative Commons 4.0 International.
revue-mediations.teluq.ca | N
o
11, 2022
3
Introduction : numérique et apprentissage, une pratique
située dans des espaces spécifiques
De la notion d’espaces
Dans le cas de l’école publique française, « sommes-nous quand nous sommes à l’école? »
(Foray, 2019, p. 7). En substance, les écoles sont « des lieux et des temps […] spécifiquement consacrés
à l’éducation » où « la jeunesse est à l’écart de la vie sociale », dans cette « sphère médiane […] qui
conduit l’être humain du cercle familial dans le monde » (Foray, 2019, p. 7). Cette mise à l’écart permet
notamment à l’école laïque d’être, comme l’exprime cet auteur, « préservée du monde extérieur parce
qu’elle est le sanctuaire des valeurs républicaines » (p. 12) et permet d’assoir les prétentions de l’État en
matière d’éducation : « l’État a le droit exclusif de prescrire le minimum de ce qui est exigé d’un futur
citoyen, et au-delà de favoriser et de soutenir l’enseignement de matières et de métiers qu’on estime
souhaitables et nécessaires pour la nation dans son ensemble » (p. 9). L’école représente donc
paradoxalement, à la fois un lieu à l’écart, préservé, clos, avec des prétentions d’État, mais également un
lieu de passage, un pont émancipateur jeté entre la famille et le monde.
De nos jours, apprendre et enseigner avec le numérique à l’école sous-tend une utilisation d’outils
numériques à des fins éducatives. Pour Simon Collin, « les usages numériques éducatifs sont les usages
numériques qui ont lieu en salle de classe, lorsque les enseignants et les élèves utilisent le numérique »
(2013, p. 105). Il précise qu’un amalgame entre « les usages numériques éducatifs et les usages
numériques en éducation » peut alors amener à ne pas tenir compte des usages numériques éducatifs
ayant lieu en dehors de l’École
1
d’une part, et des usages numériques en contexte scolaire sans valeur
éducative d’autre part. Les usages numériques éducatifs des élèves ne seraient donc « pas réductibles à
ceux développés en contexte scolaire » et plusieurs dimensions doivent être prises en compte, pour en
avoir une vue systémique. Pour conceptualiser les usages numériques éducatifs, Collin préconise
d’étudier leur évolution dans le temps ainsi que dans l’espace (la sphère privée et la sphère scolaire), et
donc les liens avec les facteurs socioculturels et individuels, le lien avec les usages non numériques, etc.
Pour adopter un point de vue panoptique, ces divers espaces-temps numériques amènent à repenser un
écosystème interactionnel à présent « socionumérique » (Plantard, 2014; Stenger et Coutant, 2011). En
effet, nous prenons le parti de percevoir le système global (système technique numérique, humains et
interactions) comme un écosystème nouveau, terrain et vecteur d’une néo-sociabilité. Car
c’est dans sa dimension « écologique » qu’il convient aujourd’hui de penser le numérique, c’est-
à-dire en tant qu’écosystème ou environnement. C’est dans ses effets d’interactions, de
continuum et d’enveloppement qu’on mesurera le mieux comment ce qui n’était d’abord perçu que
comme une « nouvelle technologie » a finalement configuré un milieu de vie
(Merzeau, 2017, p. 3).
Or, notre terrain d’étude est constitué de jeunes apprenants scolarisés en collège, lycée ou étudiants à
l’université. Sur cette période de la vie, et majoritairement hors des murs de l’École, les écrans
2
participent
1
Nous écrirons le mot école avec un É pour désigner l’école de la République dans son sens large.
2
Le mot « écrans » sera parfois utilisé pour simplifier le discours, ou pour diversifier le vocabulaire évitant ainsi des répétitions. Il renverra à
l’usage des artefacts socionumériques (ordinateurs, tablettes, téléphones intelligent principalement) connectés à Internet. En cela, cette
utilisation relèvera d’une métonymie vulgarisatrice volontaire.
revue-mediations.teluq.ca N
o
11, 2022
13
Revue internationale sur le numérique en éducation et communication
© Auteurs. Cette œuvre est distribuée sous licence Creative Commons 4.0 International.
revue-mediations.teluq.ca | N
o
11, 2022
4
fortement de la construction identitaire (Céci, 2022) des sujets vivant dans cet écosystème numérique et
provoquent une « appropriation des TIC par les adolescents […] étroitement liée aux phénomènes de
construction de soi à l'adolescence » (Fluckiger, 2007, p. 44). Dès lors, cet écosystème doit être analysé
avec le plus de recul possible, au prisme du numérique, autour d’usages sociaux et éducatifs
3
, pour pouvoir
détecter d’éventuelles porosités d’usages entre sphères privée et scolaire.
Émergeront alors des « hubs » (Gobert, 2009, 2020), « hub social » et « hub éducatif », espaces situés à
la fois physiques et numériques dont « le caractère informel et la priorité accordée au lien social sont
communs » (Gobert, 2020), que nous expliciterons à travers ces espaces situés, leurs frontières et
porosités.
Cet article est structuré en cinq parties : (1) après une phase de définitions conceptuelles et
méthodologiques, il propose (2) une étude du contexte, la société et l’École. Puis, de l’analyse des usages
numériques de ses acteurs, les apprenants (3) et leurs enseignants (4), découlera celle des porosités
d’usages éventuelles entre sphères privée ou scolaire , potentiellement gages de prescriptions, en
conclusion (5), pour une meilleure prise en compte du numérique en éducation.
Des pratiques aux usages du numérique : le tissu social
Commençons par remarquer que les syntagmes « pratique numérique » et « usage numérique » sont
parfois utilisés de manière interchangeable et sans réelle distinction de sens. Pourtant une riche littérature
scientifique traite du sujet des usages avec une variété d’approches, entre autres sociologique
(Jauréguiberry, 2003, 2008; Dubet, 1994), en sciences de l’éducation (Fluckiger, 2007) ou encore
anthropologique (Plantard, 2014). Comme première définition opérationnelle des pratiques et usages du
numérique, nous convoquons la pensée de Pascal Plantard : il définit « les usages comme des ensembles
de pratiques socialisées qui construisent des normes d’usage dans, avec et par les processus et les
dispositifs sociotechniques qui composent la "galaxie" numérique » (2014, p. 206). Dès lors, les usages
sont perçus comme « des ensembles de pratiques socialisées » et l’adjectif « socialisées » renvoie à « des
questions de constructions collectives et à l’étude des processus d’adoption des normes culturelles, ce qui
nous conduit à replacer les usages des TIC dans les contextes socio-historiques
4
et à privilégier la notion
de dispositif sociotechnique » (Plantard, p. 254).
En sociologie des usages, pour Jauréguiberry et Proulx, la pratique des écrans correspondrait à la « notion
d’utilisation décrivant l’interaction directe, le face-à-face entre l’individu et l’objet technique », alors que la
notion d’usage « suppose la constitution d’une épaisseur sociologique, à travers l’émergence de routines
d’emploi et d’habitudes dans les "manières de faire" avec le dispositif » (2011, p. 80).
Nous relevons que dans les deux cas, « l’usage s’inscrit dans le tissu social » (Jauréguiberry et Proulx,
p. 80) contrairement à la « pratique » plus individuelle. De plus, « le terme pratique pose des questions
dialectiques entre individualisation et socialisation la pratique est "située" dans des espaces
spécifiques » (Plantard, 2014, p. 254).
De là émergent deux constats. (1) Nous devons prendre en compte cette tension entre individualisation et
socialisation. Cette tension est d’ailleurs à la base d’un des grands défis actuels de l’École, réussir une
3
Nous reviendrons sur cette dichotomie ultérieurement.
4
Pour une incursion sociohistorique détaillée, calquée sur la ligne des temps de l’informatique, puis des TIC pour en arriver au numérique
d’aujourd’hui, voir Céci, 2020, p. 33.
revue-mediations.teluq.ca N
o
11, 2022
14
Revue internationale sur le numérique en éducation et communication
© Auteurs. Cette œuvre est distribuée sous licence Creative Commons 4.0 International.
revue-mediations.teluq.ca | N
o
11, 2022
5
« individualisation de masse »
5
(Roelens, 2020), c’est-à-dire le soutien des parcours individuels dans leur
singularité avec des moyens publics, pour lequel le numérique est régulièrement convoqué comme
solution
6
. De plus, la pratique individuelle et l’usage social du numérique peuvent avoir des portées
différentes en matière de porosités, d’où leur étude conjointe. (2) Apprendre, enseigner et socialiser avec
le numérique est donc à étudier à l’intersection des espaces support de ces pratiques (individuelles) ou
usages (sociaux)
7
du numérique, et du tissu social correspondant. Nous émettons donc comme hypothèse
de départ que des formes de porosités d’usages du numérique existent entre la sphère privée et la sphère
scolaire, car l’école elle-même « se situe à l’intersection entre plusieurs sphères » (Foray, 2019, p. 14).
Des porosités aux hubs
Nous proposons, dans la suite de cet article, l’étude de ces « intersections d’espaces » ou porosités
d’usages entre espaces situés, que ce soit pour les apprenants ou pour leurs enseignants. Nous
étudierons pour cela les pratiques et usages du numérique de manière globale, aussi bien dans la sphère
privée que scolaire, quelle qu’en soit la finalité et nous les mettrons en perspective avec l’apprendre, à
l’École et en dehors. Notons que toutes les activités scolaires avec le numérique ne sont pas forcément
porteuses d’apprentissages malgré l’intention pédagogique; de même que toutes les activités numériques
qui relèvent de la sphère privée ne découlent pas forcément d’une intention d’apprentissage, même si la
sensation d’apprendre avec les écrans est très forte chez les jeunes (Céci, 2019a, p. 97).
Pour en venir au concept de hub, espace situé informel stimulant « le partage, l’échange, la contribution
et la participation dans le cadre d’un collectif ou d’individus dispersés » (Gobert, 2020), il favorise les
porosités entre sphères en les réunissant dans un but commun : par analogie schématique (figure 1) et en
reprenant nos propos introductifs, ces porosités peuvent donc être vues comme support ou vecteur d’un
« hub social » intersphères si la finalité participe principalement de la construction identitaire des acteurs
sociaux (socialisation, communication…), et d’un « hub éducatif » intersphères si la finalité vise
l’apprentissage au prisme du numérique. Il est à noter que le préfixe inter, « du latin inter, entre, exprimant
la réciprocité ou laction mutuelle (interdépendant), lintervalle (interclasse) » (Larousse, s. d.), nous permet
de matérialiser deux entités distinctes à l’aune de la socialité ou de l’éducabilité numériques : (1) l’action
mutuelle ici de deux sphères dans la constitution d’un hub; (2) l’intersection ou la frontière entre sphères.
S’il s’agit d’une frontière infranchissable, aucune porosité ne sera révélée. Une intersection, un
recouvrement, ou dit autrement une porosité d’usages, sera révélateur de la non-étanchéide la frontière
intersphères.
L’étude des porosités d’usages du numérique entre sphères privée et éducative devrait donc nous
renseigner sur ce qui pour partie crée, alimente et définit la structure d’un hub social ou éducatif, autant
par l’action mutuelle des deux sphères que par leur éventuelle intersection.
5
Sur les 67,12 millions de Français en 2017, un quart (17 millions) sont à l’école de la République chaque jour, pour y étudier ou travailler.
Gardons donc à l’esprit qu’un quart du pays est à l’École (Céci, 2020, p. 68).
6
Voir par exemple le rapport de l’inspection générale de l’éducation nationale Repenser la forme scolaire à l’heure du numérique (Becchetti-
Bizot, 2017, p. 20).
7
Pour simplifier le propos, nous utiliserons davantage le syntagme « usages du numérique » par la suite, sauf pour désigner explicitement des
pratiques individuelles éventuelles.
revue-mediations.teluq.ca N
o
11, 2022
15
Revue internationale sur le numérique en éducation et communication
© Auteurs. Cette œuvre est distribuée sous licence Creative Commons 4.0 International.
revue-mediations.teluq.ca | N
o
11, 2022
6
Figure 1
Lien schématique entre porosités et hubs
Note : © J.-F. Céci, 2022.
À ce stade, pour clarifier le propos et délimiter le périmètre d’étude, nous devons émettre trois réserves.
(1) Le schéma représente seulement les principaux espaces situés, les porosités afférentes et leur sens.
Il n’a donc pas vocation à schématiser toute la complexité fonctionnelle d’un hub, mais uniquement les
« fonctions » sur lesquelles nous appuierons nos propos. (2) Nous soulignons qu’un hub éducatif est un
hub social particulier, dont le distinguo ici permettra l’émergence de porosités singulières et situées. (3)
Notre périmètre d’étude est circonscrit aux espaces, frontières et porosités d’usages du numérique. Dans
le cadre restreint de cet article, nous n’aborderons donc qu’une partie du concept de hub, laissant de côté
notamment les dimensions de communication, d’information et de valorisation que font les établissements
de leur pédagogie
8
.
À quoi peut-on s’attendre au sujet de ces porosités? Les enseignants avec de fortes pratiques numériques
éducatives en contexte scolaire ont-ils de fortes pratiques numériques personnelles pour les alimenter, ou
réciproquement? De même, les apprenants avec de fortes pratiques numériques personnelles sont-ils plus
aptes à apprendre avec le numérique à l’École, plus motivés par l’instrumentation des dispositifs
pédagogiques? Pour répondre à ces questions et étudier plus globalement toutes formes de porosités qui
se révéleront à nous entre sphères privée et éducative, nous utilisons les résultats d’une étude
sociologique sur les usages du numérique éducatif, des apprenants du collège à l’université et de leurs
enseignants, menée en 2017 et reconduite en 2023.
Éléments méthodologiques
Cet article relève principalement de la sociologie des usages et de l’expérience, par une observation
empirique des pratiques (statistiques, recueil de témoignages, réflexion autobiographique). L’étude globale
(Céci, 2020, p. 113), quant à elle, précise que l'appropriation des TIC par tout un chacun se fait sur
8
Citons en exemple le hub éducatif dakarois à visée régionale. Voir Sall, 2014.
revue-mediations.teluq.ca N
o
11, 2022
16
Revue internationale sur le numérique en éducation et communication
© Auteurs. Cette œuvre est distribuée sous licence Creative Commons 4.0 International.
revue-mediations.teluq.ca | N
o
11, 2022
7
trois plans : un plan technique (utilisation, manipulation), un plan cognitif (apprentissage ici) et un plan
socioculturel. Pour comprendre et analyser le système scolaire au prisme du numérique, il est important
de travailler sur ces trois plans, avec un cadrage théorique idéalement à la croisée de la sociologie des
usages, des sciences de l’éducation et de la formation, et des sciences de l’information et de la
communication.
La partie empirique de cette étude est basée sur un pluralisme méthodologique (Becker, 2013; Bernard et
Joule, 2005) ainsi constitué : une première phase qualitative constituée de 41 entretiens exploratoires
semi-directifs (pour 30 heures de transcriptions audio) menés auprès de 4 élèves et étudiants par niveau
scolaire, de la 6
e
à M2, nous a permis de collecter le récit autobiographique de l’individu en lien avec les
TIC et ses usages et représentations. Nous avons ainsi pu valider le vocabulaire
9
et les thématiques
d’études en lien avec notre problématique générale, pour créer les outils de collecte de la phase suivante
et faire une analyse de discours corrélée à l’analyse statistique. Pour la deuxième phase, quantitative, un
questionnaire étudiant de 99 questions a été conçu sur cette base empirique. Les enquêtes se sont
déroulées en classes complètes, sur temps scolaire (durant un cours choisi avec la direction), pour éliminer
le biais du « répondant volontaire » et avoir un taux de participation relevant davantage d’un recueil
exhaustif que d’un simple échantillonnage. La population mère (979 étudiants) a été constituée avec le
DASEN
10
du département 64 et les chefs détablissements identifiés, de manière à représenter la classe
sociale moyenne la plus représentative du système scolaire français, en école publique, hors zone
défavorisée, hors filière spécialisée en informatique ou « pilote » et avec un classement PCS
11
moyen.
Deux collèges, deux lycées et une université ont été ainsi choisis. Puis deux classes par niveaux scolaires
sur les mêmes critères (50 à 70 élèves environ par niveau, sauf en licence où l’effectif est plus important)
ont été sondées de manière quasi exhaustive, de la 6
e
à M2, pour un total de 792 répondants sur 979
(taux de réponse de 81 %). Une enquête de 44 questions auprès de leurs enseignants (153 réponses sur
315, soit 48 %) permet de croiser les perceptions, vécus et représentations en matière de numérique
éducatif.
Cette étude a été menée dans le cadre d’une recherche doctorale soutenue en 2020, à visée plus large
que le périmètre de cet article. Selon notre opinion, bien que cette production scientifique n’ait pas été
prévue spécifiquement pour répondre à la problématique de cet article, les données prélevées et utilisées
ici sont pertinentes pour atteindre notre objectif : caractériser les porosités d’usages du numérique
intersphères et les hubs sociaux et éducatifs révélés par leur intermédiaire.
Le contexte : la société et l'École évoluent à l’ère
du numérique
Évolution des acteurs du système éducatif
D’une part, nous assistons à une évolution très marquée des principaux acteurs du système éducatif au
sein de l’écosystème numérique précité. En substance, nous avons pu révéler une « nouvelle manière
9
Il s’agissait de ne pas être trop infantilisant pour les étudiants et d’être compréhensible pour un enfant de 11 ans, ce qui n’a pas été sans
surprises et découvertes (Céci, 2020, p. 160).
10
Le directeur académique des services de l'Éducation nationale (DASEN) est chargé d'animer la politique éducative dans les départements.
11
Classement des Professions et Catégories Sociales (PCS), qui a pris la suite du classement CSP (Catégories Socio-professionnelles).
revue-mediations.teluq.ca N
o
11, 2022
17
Revue internationale sur le numérique en éducation et communication
© Auteurs. Cette œuvre est distribuée sous licence Creative Commons 4.0 International.
revue-mediations.teluq.ca | N
o
11, 2022
8
d’être au monde de l’individu scolarisé » (Céci, 2022), via de multiples facteurs
12
: le quart de vie numérique
des jeunes
13
, des loisirs essentiellement numériques
14
, une importante sensation d’apprendre avec les
écrans
15
relevant majoritairement de la sphère privée, une appétence marquée chez les collégiens et
lycéens pour les TICE, des devoirs réalisés avec les écrans sans l’impulsion des enseignants, une
collaboration numérique assez étendue
16
, ainsi que quatre formes d’hyperconnexion
17
et trois formes de
déconnexion pour y faire face, montrant une réflexivité et une prise de recul des jeunes sur leurs usages
numériques. Pour autant, certains mésusages sont constatables (par exemple le retard de sommeil ou le
manque d’activiphysique), de même que des formes de bricolages, braconnages et détournements
d’outils numériques (De Certeau, 1980/1990; Rabardel, 1995; Plantard, 2014) autour d’usages socialisés
et banalisés. Les jeunes s’adaptent et adaptent les outils du quotidien à leurs besoins scolaires. Nous
sommes donc en présence d’un jeune public à former qui évolue à l’ère du numérique, en manifestant de
nouvelles appétences et besoins en rapport au savoir et autour de la construction identitaire. Or cette
construction identitaire se réalise différemment à l’ère numérique (Mabilon Bonfils, 2018, p. 22),
principalement dans la sphère privée. Alors que l’École est censée être leur activité principale, d’où le
concept de « métier d’étudiant » (Coulon, 2005), et leur lieu de socialisation privilégié, nos résultats
révèlent que les jeunes passent environ « deux fois plus de temps sur écrans qu’à l’École »
18
.
Les enseignants, quant à eux, sont plutôt volontaires, mais peu formés ni réellement mobilisés en matière
de numérique éducatif, et les femmes enseignantes sont à l’honneur en matière de TICE, car plus
concernées (elles se forment davantage), plus motivées par les TICE et plus aptes à les intégrer
(Céci, 2020, p. 320; Dias-Chiaruttini et al., 2020, p. 40).
Une forme scolaire stable, mais requestionnée
D’autre part, paradoxalement peut-être, la forme scolaire (Vincent, 2008) est stable à l’ère numérique
(Durampart, 2016), malgré le « basculement vers la plissure numérique du monde » (p. 29). En effet, nous
avons pu montrer que les usages du numérique à l’École sont peu intenses (3 h 36/semaine en moyenne,
contre 5 h 40/jour dans la sphère privée), peu diversifiés, principalement sous forme de substitutions
19
et
donc peu « amplifiés » par le numérique. L’acte éducatif et le dispositif pédagogique n’ont pas (ou très
peu) évolué, sauf pour certains enseignants innovateurs
20
. En conséquence, lorsque les élèves et étudiants
utilisent le numérique pour apprendre, cela relève principalement d’initiatives personnelles et donc peu en
rapport avec la forme scolaire actuelle. Cette conclusion empirique peut être éclairée par l’idée
philosophique de Bildung dans la culture germanique « comme autodéveloppement, non seulement de
12
Dans le cadre limité de cet article, nous ne reprenons ici que très sommairement les principaux facteurs illustrant cette « nouvelle manière
d’être au monde de l’individu scolarisé ». Pour plus de détails, se référer à l’article Céci, 2022.
13
La moyenne est de 2 160 heures/an passées sur écrans tous niveaux confondus, ce qui correspond à 90 jours (Céci, 2020, p. 231). Ces
jeunes passent donc un trimestre par an sur écrans, ou autrement dit, un quart de leur vie. La moyenne journalière pondérée est de 5 h 40/jour
(car plus élevée en week-end ou durant les vacances).
14
Les loisirs des jeunes sont majoritairement numériques pour les trois quarts d’entre eux (Céci, 2022, p. 232).
15
Deux jeunes sur trois de notre panel ont une forte sensation d’apprendre avec les écrans, majoritairement au lycée et au-delà (Céci, 2022,
p. 250).
16
Une collaboration numérique entre apprenants pour faire les devoirs est fréquente pour un sujet sur quatre.
17
Voir Céci, 2020, p. 246 pour le détail. Nous avons révélé quatre formes d’hyperconnexion (réflexive, pathologique, de cercle social et normée)
et trois formes de déconnexion (par choix, par obligation morale ou sociale et par obligation physique).
18
Total horaire sur une année : 2 160 h/an sur écrans en moyenne versus 1 152 h/an à l’École (36 semaines de 32 h) (Céci, 2020, p. 231).
19
Voir le modèle SAMR de Puentedura (2006).
20
Les résultats de cet article sont à repositionner dans le contexte sociohistorique de 2017 et constituent ainsi un « cliché pré-COVID ». Une
autre enquête est prévue en 2022-2023, pour détecter un éventuel « effet COVID » sur la forme scolaire : persistance d’usages (ou non) du
numérique, pour faire face aux confinements et assurer la continuité pédagogique à distance. Voir Céci, 2020.
revue-mediations.teluq.ca N
o
11, 2022
18
Revue internationale sur le numérique en éducation et communication
© Auteurs. Cette œuvre est distribuée sous licence Creative Commons 4.0 International.
revue-mediations.teluq.ca | N
o
11, 2022
9
l’individu, mais de l’humanité » (Fabre, 2019, p. 5). En effet, pour cette jeunesse encore faiblement
accompagnée vers une culture numérique citoyenne, le terrain quotidien de la vie privée constitue le
« roman de formation de l’humanité », un livre autobiographique ou « l’expérience est toujours épreuve »,
épreuve par laquelle « l’individu s’oppose à lui-même et se dépasse » dans une « phénoménologie de
l’esprit » (p. 5). Si l’idée de Bildung « interdit de ramener la formation à un apprentissage technique ou à
une adaptation utilitaire dans un cadre institutionnel donné », elle instille que cette autoformation du
quotidien « engage tout l’être dans ses dimensions physiques, affectives, conatives, intellectuelles et
même spirituelles, dans une quête existentielle faite à la fois de problèmes et d’épreuves », car « pour la
Bildung, l’existence est formation » (p. 10). Le numérique représente ici une nouvelle, intense, riche et
prenante expérience du quotidien dans la Bildung des jeunes de notre panel, s’ajoutant et complétant celle
de la socialisation, de la construction identitaire traditionnelle et également de l’apprentissage ainsi
instrumenté comme nous le verrons.
Quant à l’École en 2017, elle ne s’est pas réellement emparée du numérique dans ses principales missions
(enseigner, faire apprendre, tutorer, médiatiser, accompagner au développement professionnel des
enseignants). Quelques ilots de pratiques (la médiatisation notamment) et d’intégrations sont constatables
auprès d’enseignants hyperconnectés et notamment en cycle terminal universitaire, principalement pour
renforcer l’accès au savoir et sa manipulation (Céci, 2020, p. 350).
Trois ans plus tard (en 2020), pour assurer une continuité pédagogique durant la pandémie de COVID-19,
l’École a mettre en place en urgence une « démarche de prolongement à distance de l’institution »
(Gobert, 2020). Dès lors,
le fait de participer, de contribuer et de partager régulièrement dans un creuset commun revient à
lui accorder un statut particulier. Le numérique, sans être une panacée, a été fortement sollicité
dans le but explicite de maintenir le contact dans des espaces de référence clairement identifiés
(Gobert, 2020).
Et même si l’établissement d’enseignement est potentiellement perçu comme « un espace de projet, de
sécurité, de valeurs partagées et de socialisation » (Gobert, 2020), une part non négligeable de l’activi,
particulièrement d’apprentissage (instrumenté ou non), se réalise de manière informelle (Hamadache,
1993). Ce contexte historique d’immobilité sociale a été propice à l’émergence de ces espaces de
référence, hubs sociaux, « lieux de convergence physiques ou/et dématérialisés » (Gobert, 2020), dont
des hubs éducatifs lorsque la finalité était de cette nature.
Des tensions à la genèse des porosités
Pour conclure ce chapitre, les acteurs du système éducatif évoluent à l’ère du numérique, mais peu l’École
(Céci, 2020, p. 349; Prost, 2013, p. 324), ce qui crée d’ailleurs des tensions
entre la forme scolaire
traditionnelle et les expériences personnelles intenses d’apprentissage avec le numérique des jeunes (leur
Bildung numérique), à la base de la représentation qu’ils peuvent se faire d’une « École à l’ère du
numérique ». Ces différentes tensions entre sphères privée et éducative (différence d’intensité d’usage
des écrans, rupture ou continuité d’usages, socialisation et construction identitaire numériquement
appareillées versus scolarisées, apprentissages formels et informels
21
, tensions avec la forme scolaire
21
Nous utilisons la classification proposée par le rapport de l’UNESCO (Hamadache, 1993, p. 10).
revue-mediations.teluq.ca N
o
11, 2022
19
Revue internationale sur le numérique en éducation et communication
© Auteurs. Cette œuvre est distribuée sous licence Creative Commons 4.0 International.
revue-mediations.teluq.ca | N
o
11, 2022
10
traditionnelleprincipalement) sont des génératrices potentielles, ou à minima révélatrices de porosités
d’usages des écrans, que nous proposons d’éclairer à l’aune de nos résultats.
Les apprenants : porosité des usages et autogestion
numérique de la scolarité
Nous avons pu établir une corrélation marquée entre l’intensité de la pratique numérique personnelle et
l’appétence pour le numérique éducatif : les jeunes les plus connectés sont également ceux désirant voir
le numérique « amplifier »
22
l’apprentissage à l’École, à l’aide de nouvelles pratiques pédagogiques ainsi
instrumentées. Cela constitue un premier indice d’une porosides usages numériques de la sphère privée
vers la sphère scolaire.
Ce plaisir ou cette envie d’apprendre avec les écrans se retrouve dans le travail scolaire à la maison. Nous
avons ainsi pu établir qu’une heure de devoirs sur deux est réalisée sur écrans
23
, et que ces devoirs et
travaux numériques scolaires à la maison sont le plus souvent autoprescrits par les apprenants eux-
mêmes ou leur famille. Autrement dit, ils utilisent fréquemment les écrans et Internet pour faire leurs
devoirs, voire pour suivre des cours alternatifs en ligne (comme Kartable
24
), en complément des leurs, sans
cadrage ou commande pédagogique en ce sens.
Cette autoprescription numérique est renforcée par une collaboration numérique fréquente (une à
plusieurs fois par semaine) entre apprenants durant les devoirs, à tous les niveaux scolaires et, pour un
quart d’entre eux, sans consignes pédagogiques correspondantes. Ils utilisent pour cela des outils non
institutionnels bricolés (adaptation d’un outil de la sphère privée pour un usage scolaire), voire braconnés
pour les plus jeunes (inscription à des plateformes en contournant la limite d’âge basse de 13 ans),
montrant une envie de collaborer en ligne, autour de la commande scolaire, avec les outils qu’ils utilisent
déjà dans leur vie privée. Nous voyons apparaitre ici divers éléments (continuité des usages numériques
des jeunes, autoprescription, collaboration spontanée, bricolages…) constituant autant d’indices d’une
porosité des usages numériques de la sphère privée vers la sphère scolaire.
Pour conclure sur les apprenants, à partir du lycée, ils utilisent assez largement le numérique pour
apprendre, dans tous les aspects de leur scolarité (cours, devoirs, outils, collaboration et dialogue entre
pairs), majoritairement sans impulsions de la part des enseignants et avec des outils de leurs choix. Il
s’agit de choix personnels, familiaux ou de « groupe classe »
25
. Les apprenants font donc une autogestion
numérique de leur scolarité assez marquée et révélatrice de changements en rapport aux savoirs. Enfin,
l’ensemble de nos résultats confirme que l’apprentissage avec le numérique se réalise majoritairement
hors contexte scolaire. Cela conforte, d’une part, la thèse d’une porosité des usages du numérique de la
sphère privée, très riche en apprentissages numériques, vers (pour) la sphère scolaire, moins bien dotée.
D’autre part, cela esquisse les contours d’un « hub éducatif », assurant une continuité des usages et de
l’apprentissage instrumenté entre les deux sphères, au moins au regard des apprenants.
22
Voir Céci, 2020, p. 363.
23
Temps de devoirs total moyen = 9.03 h/semaine versus temps de devoirs sur écrans = 4.81 h/semaine. Il apparait qu’en moyenne, une heure
de devoirs sur deux est réalisée sur écrans (Céci, 2020, p. 284).
24
Le site Kartable dispense des cours en ligne autour du programme officiel de CE1 à Terminale : https://www.kartable.fr/.
25
Création spontanée de communautés numériques, de taille diverse jusqu’à la classe complète.
revue-mediations.teluq.ca N
o
11, 2022
20
Revue internationale sur le numérique en éducation et communication
© Auteurs. Cette œuvre est distribuée sous licence Creative Commons 4.0 International.
revue-mediations.teluq.ca | N
o
11, 2022
11
Les enseignants : porosité des usages et de l’appétence
pour les TICE
Tout comme pour les apprenants tournés vers le numérique, les enseignants innovateurs sont aussi
hyperconnectés, puisque le lien est établi entre intensité des pratiques numériques personnelles et
professionnelles.
Figure 2
Croisement entre pratiques numériques personnelles et professionnelles des enseignants
Note : © J.-F. Céci (2020, p. 329).
L’analyse factorielle des correspondances de la figure 2 révèle une corrélation très marquée entre
l’intensité des pratiques numériques de chaque sphère. En effet, les usagers intensifs du numérique dans
la sphère éducative le sont aussi dans leur sphère privée, indiquant manifestement qu’une forte porosité
existe. De plus, les enseignants aux pratiques personnelles fortes (rond vert « Fortes ») correspondent
aussi à ceux aux pratiques professionnelles moyennes (carré rose « Moyennes »), confirmant cet écart.
En tout cas, un lien si fort inciterait à penser qu’on ne devient pas un enseignant utilisant largement le
numérique en éducation sans l’intégrer dans son quotidien. Précisons cette déduction hypothétique.
Influence de l’intensité des pratiques numériques professionnelles de
l’enseignant
Nos résultats permettent de dégager cinq caractéristiques pour les enseignants estimant leurs pratiques
numériques professionnelles fortes.
revue-mediations.teluq.ca N
o
11, 2022
21
Revue internationale sur le numérique en éducation et communication
© Auteurs. Cette œuvre est distribuée sous licence Creative Commons 4.0 International.
revue-mediations.teluq.ca | N
o
11, 2022
12
1) Ils proposent des activités numériques en classe bien plus diversifiées
26
et fréquentes
(deux fois plus).
2) Ils sont deux à trois fois plus nombreux à distribuer des documents numériques
pédagogiques fréquemment (56 % contre 22 %).
3) Ils sont environ deux fois plus nombreux à autoriser les écrans en classe (40 % contre
16 %).
4) Ils sont plus nombreux à penser que le numérique éducatif peut contribuer à la réussite
des apprenants (78 % contre 54 %), dont un tiers totalement affirmatif sur ce point.
5) Ils sont deux fois plus nombreux à souhaiter développer l’usage du numérique en classe
(75 % contre 38 %) à court terme.
Voyons ce qu’il en est, à présent, dans le registre de la sphère privée, à la recherche d’une éventuelle
porosité entre les deux sphères.
Influence de l’intensité des pratiques numériques personnelles de
l’enseignant
Les enseignants estimant leurs pratiques numériques personnelles fortes ont des usages numériques
éducatifs bien plus diversifiés et fréquents (deux à quatre fois plus). L’intensité des pratiques numériques
personnelles semble donc corrélée à la diversité et à la fréquence des activités numériques éducatives
proposées en classe. De même, ces enseignants sont deux fois plus nombreux à proposer des devoirs
numériques à la maison et à utiliser majoritairement les ressources numériques pour préparer leurs cours.
Cette intensité des pratiques numériques personnelles influe aussi sur la représentation que se fait
l’enseignant du numérique éducatif : si cette pratique personnelle est intense, le numérique est considéré
comme un levier de réussite éducative (pour 8 sur 10, contre 3 sur 10 pour les enseignants déclarant une
intensité faible). Enfin, et dans les mêmes proportions environ, de fortes pratiques numériques
personnelles semblent favoriser le souhait de développer l’usage du numérique éducatif en classe. Ce
dernier point est révélateur, car il indique (en 2017) que l’intégration du numérique est envisagée à courte
ou moyenne échéance et donc encore non ou peu effective. Cette échéance est en mois ou pour l’année
scolaire suivante pour 7 enseignants sur 10, ce qui incite à croire qu’il y a une antériorité des usages
numériques personnels et qu’ils n’ont pas encore débouché sur une application pédagogique
professionnelle. Ces différents éléments font donc apparaitre le sens d’une porosité des pratiques
numériques de la sphère privée vers la sphère scolaire professionnelle, pour une majorité d’enseignants.
Pour resituer le numérique dans la pratique professionnelle et éclairer la singularité de cette porosité,
précisons que dans un contexte plus général, la construction identitaire personnelle de l’enseignant et son
vécu forgent également les enseignements qu’il délivre et définissent ainsi sa professionnalité. Autour de
cette « notion instable », nous retenons ici que « la professionnalité prend davantage en compte l’histoire
de l’individu (personnelle, sociale, technique et culturelle)et contrairement à la qualification, elle fait
explicitement appel à la motivation, ou système de valeurs des individus, elle fait passer dans le domaine
"professionnel" ce qui relevait d’un domaine considéré comme "privé" » (Mathey-Pierre et Bourdoncle,
1995, p. 143). D’ailleurs, Jean Jaurès (1910) exprimait aussi cette idée : « on n’enseigne pas ce que l’on
veut […], on n’enseigne pas ce que l’on sait ou ce que l’on croit savoir : on n’enseigne et on ne peut
enseigner que ce que l’on est ». Dès lors et pour en revenir aux pratiques numériques, la porosité
26
Nous avons relevé 11 activités numériques éducatives et calculé un score d’usage basé sur la fréquence d’utilisation de ces 11 activités. Un
score plus élevé manifeste ainsi un usage plus fréquent et plus diversifié du numérique en éducation.
revue-mediations.teluq.ca N
o
11, 2022
22
Revue internationale sur le numérique en éducation et communication
© Auteurs. Cette œuvre est distribuée sous licence Creative Commons 4.0 International.
revue-mediations.teluq.ca | N
o
11, 2022
13
constatée de la sphère privée vers la sphère professionnelle semble indiquer que le numérique ne change
pas la donne et complète la professionnalité de l’enseignant, par un transfert à partir de ce qu’il est, en
tant qu’individu connecté dans le social. Pour en revenir à la notion de hub éducatif, il incorpore
logiquement les enseignants, non pas uniquement autour de leurs compétences et pratiques
professionnelles, mais de leur professionnali et donc leur individualité, subjectivité et système de valeurs
en matière de numérique. Ce constat est particulièrement appuyé en régime de confinement où la sphère
privée se retrouve propulsée dans les activités professionnelles, via la visioconférence par exemple.
Enseignants : finalement, quelles porosités des usages?
L’enseignant hyperconnecté est donc plus volontaire, plus motivé, plus positif quant à l’intérêt des TICE,
et plus apte à produire des dispositifs pédagogiques instrumentés. Il en est de même entre pratiques
personnelles et appétence pour les TICE, aux regards croisés des acteurs (les apprenants et leurs
enseignants). En conséquence, plus la pratique numérique personnelle est intense, plus l’appétence
opérationnelle pour les TICE est prononcée, indiquant manifestement un souhait de prolongement de cette
pratique numérique assortie d’une compréhension du potentiel et de l’intérêt de cette intégration
technopédagogique.
Notre hypothèse précédente semble donc se vérifier : le lien fort entre l’intensité des pratiques numériques
personnelles des enseignants et les divers indicateurs évoqués ci-dessus, combiné à une temporalité
favorable à des pratiques personnelles existantes versus une transformation à venir de la pédagogie avec
le numérique, incitent à penser qu’on ne devient pas un enseignant intégrant largement le numérique en
éducation sans l’intégrer préalablement dans son quotidien (confirmant la déduction de la figure 2) et
qu’une porosité des pratiques numériques est ainsi constatable de la sphère privée vers la sphère
professionnelle. Rien de significatif ne vient montrer un transfert inverse, même s’il existe à la marge. Le
numérique vient donc alimenter et compléter la professionnalité de l’enseignant, dont l’instrumentation
semble devoir se penser dans les usages du quotidien de l’individu, avant ceux de l’enseignant. Ces
éléments viennent aussi en renfort de l’esquisse d’un « hub éducatif ».
Conclusion et ouverture
Nous avons montré que plusieurs indices de porosités existent, autant pour les apprenants que leurs
enseignants, avec un sens de transfert bien défini de la sphère privée vers la sphère éducative, rien de
probant ne venant montrer un sens inverse, même si des exemples ponctuels existent. Les pratiques et
l’expérience numérique du quotidien viennent donc instrumenter et supporter les pratiques
professionnelles ou scolaires.
Même timidement, car l’École s’est peu emparée du numérique, nous avons pu voir émerger un hub
éducatif (ou le souhait, le besoin de cette émergence, car pas toujours suivi d’effets institutionnels). Ce
constat est forgé par les divers indices de porosité des usages du numérique entre sphère privée et sphère
éducative, ainsi que par les tensions inhérentes, au regard des apprenants et de leurs enseignants.
Autour des usages numériques et de l’appropriation des TIC, nous avons pu voir par ailleurs l’importance
de la construction identitaire et du social, que nous avons éclairé par la Bildung numérique des jeunes,
facilement transposable à l’enseignant sur les mêmes bases à présent. Ajoutons à cela les verbatim et les
chiffres montrant que les usages communicationnels sont très importants (réseaux sociaux, groupes de
clavardage spécialisés par promotion servant davantage à socialiser plutôt qu’à échanger sur la scolarité,
continuité de la communication hors temps scolaire, etc.). Bien que latente, l’existence d’un hub social est
revue-mediations.teluq.ca N
o
11, 2022
23
Revue internationale sur le numérique en éducation et communication
© Auteurs. Cette œuvre est distribuée sous licence Creative Commons 4.0 International.
revue-mediations.teluq.ca | N
o
11, 2022
14
logique autour de ces résultats et participe effectivement de la construction identitaire des jeunes, en lien
avec le contexte éducatif, mais sans encadrement explicite. Autrement dit, nous assistons à un glissement
d’une socialisation par l’École, à une socialisation par le numérique autour de l’École, au sein d’un hub
social.
Des pratiques aux hubs
Les pratiques numériques personnelles, socialisées dans des espaces situés à visée d’acculturation ou
de socialisation, sont révélatrices de porosités d’usages du numérique, le privé vient outiller le travail
scolaire (et professionnel) des apprenants et enseignants. Si l’enseignant enseigne ce qu’il est, l’apprenant
apprend beaucoup avec ce qu’il a (numériquement ou socialement appareillé), avec ses camarades et de
moins en moins avec ce que l’établissement d’enseignement lui donne. Le numérique socialise la
connaissance tout en la déscolarisant. Abordé autrement, un hub social support de ces usages
numériquessocialise la connaissance tout en la déscolarisant. Et le rôle du hub éducatif, englobé dans
ce hub social, peut être perçu de nos jours comme une possibili de -institutionnalisation à visée
éducative de ce hub social, une « démarche de prolongement à distance de l’institution » (Gobert, 2020),
tout particulièrement à notre époque pandémique.
Nous proposons, pour terminer, d’ouvrir la réflexion, avec pour objectif de voir en quoi cette connaissance
peut être gage de « prescriptions » pour une meilleure prise en compte du numérique en éducation.
Émancipation numérique de la jeunesse
« Les jeunes se débrouillent avec le numérique et apprennent majoritairement par eux-mêmes avec les
écrans » (Céci, 2019b, p. 78), ce qui peut poser problème comme nous l’avons évoqué. Doit-on envisager
de cadrer l’apprentissage du et par le numérique, en missionnant l’École dans le cadre des prétentions
d’État évoquées en introduction? Est-ce alors souhaitable d’intégrer davantage de pratiques numériques
sur le temps scolaire, alors même qu’elles sont déjà très intensives en dehors? Sans oublier que le
gouvernement
27
nous met en garde contre les mésusages sur le site des drogues et dépendances et
propose depuis peu une loi
28
relative à la prévention de l’exposition excessive des enfants aux écrans. Dès
lors, à quel seuil doit-on placer le paternalisme d’État (Durand et Fabre, 2014, p. 2) en matière d’éducation
et de numérique ? Car le numérique est un pharmakon, à la fois remède et poison, voire drogue (Stiegler,
2007). Nos sociétés hypermodernes peuvent difficilement s’en passer, tant il rythme, outille, mesure,
amplifie, égaye, connecte, mémorise le moindre instant de nos vies. Nous devons alors apprendre à vivre
en symbiose avec cet écosystème numérique pour en annuler le poison, limiter la drogue et développer le
remède. Et ce constat n’est pas nouveau, car en 2004 déjà, Philippe Dumas (p. 2) évoquait une crise
mondiale des systèmes éducatifs et appelait de ses vœux un nouveau projet pédagogique : « si la
technologie a des effets pervers sur l’éducation et la culture, qu’au moins on cherche par un nouveau
projet pédagogique à en exploiter les potentialités ». Or, malgré tous les efforts consentis par le ministère
en matière de réformes, d’équipements et de formations ces 20 dernières années
29
, nos résultats montrent
que ce projet n’a pas eu lieu, sauf à la marge. Il est donc temps, à présent, de porter plus avant ce nouveau
projet technopédagogique permettant de scolariser la société selon ses besoins actuels et futurs. Cela
commence par une éducation au numérique et par le numérique de qualité, dès le plus jeune âge, dans
27
Voir Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA) :
https://www.drogues.gouv.fr/comprendre/ce-qu-il-faut-savoir-sur/lexposition-aux-ecrans#.
28
Il s’agit de la loi n° 5081 du 22/02/2022. Voir : https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/textes/l15b5081_proposition-loi.
29
Pour une longue incursion sociohistorique de l’informatique à l’École, voir Céci, 2020, p. 77.
revue-mediations.teluq.ca N
o
11, 2022
24
Revue internationale sur le numérique en éducation et communication
© Auteurs. Cette œuvre est distribuée sous licence Creative Commons 4.0 International.
revue-mediations.teluq.ca | N
o
11, 2022
15
une approche écologique (Céci, 2019b) respectueuse des divers stades de développement de l’individu.
Or seule l’École a la capacité de former le vaste contingent de futurs jeunes citoyens numériques, sans
oublier les citoyens actuels, dont les enseignants
30
.
Développement professionnel des enseignants
Nous avons pu constater que l’École ne s’est pas encore réellement emparée du numérique dans ses
principales missions. Cela laisse une place importante à l’accompagnement et au développement
professionnel de l’enseignant sur les thématiques technopédagogiques. Rappelons qu’on ne devient pas
un enseignant intégrant largement le numérique en éducation sans l’avoir préalablement intégré dans son
quotidien. Cela peut être la base d’une réflexion sur la formation des enseignants : doit-on les former pour
leur quotidien numérique (cf. la culture numérique indispensable à tout citoyen d’un monde à présent
connecté) avant de trop investir dans le numérique éducatif? Nous pensons, via la porosité précitée, puis
le prolongement numérique de la professionnalité et de la Bildung, et enfin la définition des trois volets
d’une technopédagogie émancipatrice
31
, qu’une « première couche » de culture numérique est
indispensable pour ensuite ancrer par inférencesl’instrumentation pédagogique sur ce terreau fertile.
L’obtention d’une certification sur Pix
32
, de niveau intermédiaire, voire avancé, peut être une bonne base
de départ pour tout enseignant souhaitant instrumenter sa pédagogie ensuite, même si cela ne peut
totalement remplacer une formation avec un vrai accompagnement disciplinaire au numérique en situation.
L’obtention de cette culture numérique pourrait également être rendue de nouveau obligatoire
33
pour les
futurs enseignants durant leurs études à l’INSPÉ
34
, ou avant, durant une éventuelle
préprofessionnalisation. En effet, la formation des enseignants est paradoxalement reconnue très
insuffisante autour d’un métier complexe, car mêlant plusieurs champs des sciences sociales, en plus de
la discipline choisie. Rallonger le temps de formation et d’expérimentation pédagogique semble alors l’idée
la plus logique. Souhaitons que ces accompagnements soient composés de formations solides portant sur
les trois volets précités. Le vecteur de changement majeur semble être celui-ci, pour une meilleure prise
en compte du numérique en éducation au niveau des acteurs de terrain : les enseignants.
Le numérique n’est finalement qu’un nouveau reflet technologique et social de l’humain, en cela qu’il ne
change pas fondamentalement son humanité. Cependant, il la manifeste et la prolonge sur des terres
nouvelles à défricher, parfois toxiques, polluées, addictives ou corrompues, mais aussi de belles prairies,
exotiques, créatives et émancipatrices. Nous conclurons en revisitant la pensée de Dumas (2004), car une
éducation aux enjeux du numérique et donc une bonne régulation du numérique dans et par la pédagogie
nécessitera sans doute de redéfinir de manière concomitante le projet de l’École. Un tel projet devra être
pensé davantage en termes d’émancipation qu’en ceux d’efficacité des apprentissages (Charlot, 2020,
p. 301) et de leurs restitutions, d’autant plus dans un écosystème à la mémoire infinie, infiniment
30
Nous considérons que l’École n’est pas la seule structure capable de travailler à l’émancipation du citoyen numérique de demain, mais la
seule capable d’adresser en volume cette nouvelle jeunesse. Rappelons « qu’un quart du pays est à l’école de la République » (Céci, 2020,
p. 68) ou, dit autrement, un quart de la population française étudie ou travaille dans le système éducatif français.
31
Pour une intégration réussie du numérique en éducation, un accompagnement professionnel à trois volets est nécessaire : « formation à la
pédagogie active, formation à l’amplification par le numérique des scénarios de pédagogie active [les technologies] et formation à la culture
numérique » (Céci, 2018, p. 12).
32
Pix est le service public français en ligne pour évaluer, développer et certifier ses compétences numériques. Voir https://pix.fr/.
33
Le C2i2 (ancêtre avec le C2i des certifications Pix) était obligatoire pour les futurs enseignants des sessions 2012 à 2014. Cette obligation
pour devenir enseignant a été supprimée, car l’obtention de cette certification posait problème.
34
INSPÉ : Institut national supérieur du professorat et de l'éducation.
revue-mediations.teluq.ca | N
o
11, 2022
16
accessible et transmissible. L’émancipation (versus l’aliénation) numérique des futurs citoyens est à ce
prix.
Liste de références
Becchetti-Bizot, C. (2017, mai). Repenser la forme scolaire à l’heure du numérique [rapport IGEN 2017-056].
http://tinyurl.com/3v3szzmw
Becker, H. S. (2013). Les ficelles du métier : comment conduire sa recherche en sciences sociales. Paris: La Découverte.
Bernard, F., et Joule, R.-V. (2005). Le pluralisme méthodologique en sciences de l’information et de la communication à
l’épreuve de la « communication engageante ». Questions de communication, 7, 185-208.
https://doi.org/10.4000/questionsdecommunication.4647
Céci, J.-F. (2018). Les technologies peuvent-elles modifier la forme universitaire? Certainement! Distances et médiations
des savoirs. 22. https://doi.org/10.4000/dms.2356
Céci, J.-F. (2019a). Le profil de l’apprenant numérique, du collège à l’université : le cas de Pau. Formation et profession,
27(3), 91-112. https://doi.org/10.18162/fp.2019.485
Céci, J.-F. (2019b). Apprentissage du et par le numérique: la formation des jeunes générations à un juste usage du
numérique. Annales des Mines, (6).
http://annales.org/enjeux-numeriques/2019/resumes/juin/15-en-resum-FR-AN-juin-2019.html#15FR
Céci, J.-F. (2020). Transition de la forme scolaire au prisme du Numérique : le Numérique comme catalyseur et révélateur
[Thèse, Université de Pau et des Pays de l’Adour, Pau, FRA.]. https://hal.archives-ouvertes.fr/tel-03250689
Céci, J.-F. (2022). Une nouvelle manière d’être au monde de l’individu scolarisé, au prisme du numérique. Dans L. Naya,
P. Davila, D. Groux et E. Voulgre, Une éducation inclusive pour un développement durable (Collection Éducation
comparée). L’Harmattan.
Collin, S. (2013). Saisir les usages numériques éducatifs des élèves dans leur globalité. Formation et profession, 21(2),
105-108. https://doi.org/10.18162/fp.2013.a23
Coulon, A. (2005). Le métier d’étudiant : l'entrée dans la vie universitaire. Paris : Economica.
De Certeau, M. (1990). L’invention du quotidien, T.1, Arts de faire. Paris : Gallimard (ouvrage original publié en 1980).
Dias-Chiaruttini, A., Tali, F., Brunel, M., Moussi. D. (2020). Rapport GTnum 10, Approche systémique des ressources et
pratiques numériques dans l’éducation: quels freins et leviers pour un passage à l’échelle? [Rapport de recherche]
UCA- INSPE Académie de Nice. https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02911560v2
Dubet, F. (1994). Sociologie de l’expérience. Éditions du Seuil.
Dumas, P. (2004). Nouveaux dispositifs pédagogiques et crise des systèmes éducatifs. Humanisme et entreprise.
A.A.E.L.S.H.U.P. https://archivesic.ccsd.cnrs.fr/sic_00000958/
Durampart, M. (2016). La forme scolaire en action traversée par l’école numérique. Revue française des sciences de
l’information et de la communication, 9. https://doi.org/10.4000/rfsic.2492
Durand, G., et Fabre, M. (2014). Éducation et minimalisme moral. Recherches en éducation, HS6.
https://doi.org/10.4000/ree.9208
Fabre, M. (2019). Bildung. Dans : Christine Delory-Momberger éd., Vocabulaire des histoires de vie et de la recherche
biographique (pp. 197-199). Toulouse: Érès.
Fluckiger, C. (2007). L’appropriation des TIC par les collégiens dans les sphères familières et scolaires [Thèse, ENS
Cachan]. https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00422204
Foray, P. (2019). sommes-nous quand nous sommes à l’école?, Recherches en éducation, (36).
https://doi.org/10.4000/ree.917
Gobert, T. (2009). De l’espace mémoire à l’espace et la mémoire, évolution des formes de présence médiées par les outils
numériques, Ludovia : Espaces et mémoires, Ax-les-Thermes, 24-28 août 2009,
http://culture.numerique.free.fr/index.php/espace-de-publication/115
revue-mediations.teluq.ca N
o
11, 2022
25
Revue internationale sur le numérique en éducation et communication
© Auteurs. Cette œuvre est distribuée sous licence Creative Commons 4.0 International.
revue-mediations.teluq.ca | N
o
11, 2022
16
accessible et transmissible. L’émancipation (versus l’aliénation) numérique des futurs citoyens est à ce
prix.
Liste de références
Becchetti-Bizot, C. (2017, mai). Repenser la forme scolaire à l’heure du numérique [rapport IGEN 2017-056].
http://tinyurl.com/3v3szzmw
Becker, H. S. (2013). Les ficelles du métier : comment conduire sa recherche en sciences sociales. Paris: La Découverte.
Bernard, F., et Joule, R.-V. (2005). Le pluralisme méthodologique en sciences de l’information et de la communication à
l’épreuve de la « communication engageante ». Questions de communication, 7, 185-208.
https://doi.org/10.4000/questionsdecommunication.4647
Céci, J.-F. (2018). Les technologies peuvent-elles modifier la forme universitaire? Certainement! Distances et médiations
des savoirs. 22. https://doi.org/10.4000/dms.2356
Céci, J.-F. (2019a). Le profil de l’apprenant numérique, du collège à l’université : le cas de Pau. Formation et profession,
27(3), 91-112. https://doi.org/10.18162/fp.2019.485
Céci, J.-F. (2019b). Apprentissage du et par le numérique: la formation des jeunes générations à un juste usage du
numérique. Annales des Mines, (6).
http://annales.org/enjeux-numeriques/2019/resumes/juin/15-en-resum-FR-AN-juin-2019.html#15FR
Céci, J.-F. (2020). Transition de la forme scolaire au prisme du Numérique : le Numérique comme catalyseur et révélateur
[Thèse, Université de Pau et des Pays de l’Adour, Pau, FRA.]. https://hal.archives-ouvertes.fr/tel-03250689
Céci, J.-F. (2022). Une nouvelle manière d’être au monde de l’individu scolarisé, au prisme du numérique. Dans L. Naya,
P. Davila, D. Groux et E. Voulgre, Une éducation inclusive pour un développement durable (Collection Éducation
comparée). L’Harmattan.
Collin, S. (2013). Saisir les usages numériques éducatifs des élèves dans leur globalité. Formation et profession, 21(2),
105-108. https://doi.org/10.18162/fp.2013.a23
Coulon, A. (2005). Le métier d’étudiant : l'entrée dans la vie universitaire. Paris : Economica.
De Certeau, M. (1990). L’invention du quotidien, T.1, Arts de faire. Paris : Gallimard (ouvrage original publié en 1980).
Dias-Chiaruttini, A., Tali, F., Brunel, M., Moussi. D. (2020). Rapport GTnum 10, Approche systémique des ressources et
pratiques numériques dans l’éducation: quels freins et leviers pour un passage à l’échelle? [Rapport de recherche]
UCA- INSPE Académie de Nice. https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02911560v2
Dubet, F. (1994). Sociologie de l’expérience. Éditions du Seuil.
Dumas, P. (2004). Nouveaux dispositifs pédagogiques et crise des systèmes éducatifs. Humanisme et entreprise.
A.A.E.L.S.H.U.P. https://archivesic.ccsd.cnrs.fr/sic_00000958/
Durampart, M. (2016). La forme scolaire en action traversée par l’école numérique. Revue française des sciences de
l’information et de la communication, 9. https://doi.org/10.4000/rfsic.2492
Durand, G., et Fabre, M. (2014). Éducation et minimalisme moral. Recherches en éducation, HS6.
https://doi.org/10.4000/ree.9208
Fabre, M. (2019). Bildung. Dans : Christine Delory-Momberger éd., Vocabulaire des histoires de vie et de la recherche
biographique (pp. 197-199). Toulouse: Érès.
Fluckiger, C. (2007). L’appropriation des TIC par les collégiens dans les sphères familières et scolaires [Thèse, ENS
Cachan]. https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00422204
Foray, P. (2019). sommes-nous quand nous sommes à l’école?, Recherches en éducation, (36).
https://doi.org/10.4000/ree.917
Gobert, T. (2009). De l’espace mémoire à l’espace et la mémoire, évolution des formes de présence médiées par les outils
numériques, Ludovia : Espaces et mémoires, Ax-les-Thermes, 24-28 août 2009,
http://culture.numerique.free.fr/index.php/espace-de-publication/115
revue-mediations.teluq.ca N
o
11, 2022
26
Revue internationale sur le numérique en éducation et communication
© Auteurs. Cette œuvre est distribuée sous licence Creative Commons 4.0 International.
revue-mediations.teluq.ca | N
o
11, 2022
17
Gobert, T. (2020). Hubs sociaux et espaces de partage, d’échange, de participation, de contributions, Interfaces
numériques, 8(2), T. 2. https://www .unilim.fr/interfaces-numeriques/4350
Hamadache, A. (1993). Articulation de l’éducation formelle et non formelle : implications pour la formation des enseignants,
Rapport 1993 de l’UNESCO. http://unesdoc.unesco.org/images/0010/001001/100125f.pdf
Jauréguiberry, F. (2003). Les branchés du portable : sociologie des usages. Presses universitaires de France.
Jauréguiberry, F. (2008). De l’usage des technologies de l’information et de la communication comme apprentissage
créatif. Education et sociétés, 22(2), 2942. https://doi.org/10.3917/es.022.0029
Jauréguiberry, F., et Proulx, S. (2011). Usages et enjeux des technologies de communication. Eres.
https://www.researchgate.net/publication/312329185_Usages_et_enjeux_des_technologies_de_communication
Jaurès, J. (1910). Pour la Laïque, discours prononcé les 10 et 24 Janvier 1910 à la Chambre des Députés.
Larousse. (s. d.). Inter-. https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/inter-/43593
Mabilon Bonfils, B. (2018). L’école est finie! L’ère trans-moderne du savoir-relation et la fin de la transmission? Éducation
et socialisation. Les Cahiers du CERFEE, 47. https://doi.org/10.4000/edso.2862
Mathey-Pierre, C., et Bourdoncle, R. (1995). Autour du mot « Professionnalité ». Recherche & formation, 19(1), 137148.
https://doi.org/10.3406/refor.1995.1274
Merzeau, L. (2017). De la bibliothèque à l’Internet: la matrice réticulaire. Dans T. Boccon-Gibod, C. Ionet et É. Mougenot
(dir.), Robert Damien, Du lecteur à l’électeur. Bibliothèque, démocratie et autorité. Presses de l’Enssib / BnF
Éditions. http://merzeau.net/matrice-reticulaire
Plantard, P. (2014). Anthropologie des usages du numérique [Thèse, Université de Nantes].
https://halshs.archives-ouvertes.fr/tel-01164360/document
Prost, A. (2013). Du changement dans l’école : les réformes de l’éducation de 1936 à nos jours. Éditions du Seuil.
Puentedura, R. R. (2006). SAMR Model: Transformation, Technology, and Education. http://hippasus.com/resources/tte/
Rabardel, P. (1995). Qu’est-ce qu’un instrument? Les dossiers de l’Ingénierie éducative, 19, 6165.
Roelens, C. (2020). Éthiques éducatives scolaires et familiales face au défi de l’individualisation de masse : Enjeux,
tensions et perspectives. Epistrophè. Revue Internationale d’Éthique Professionnelle en Philosophie et en
Éducation. Études et Pratiques [EPREPE] du « Laboratoire de Recherche en Philosophie Pratique » (L.R.Ph.P.),
(3), 67-114.
Sall, M. (2014). Le Quartier latin sénégalais à la croisée des chemins. Hommes & migrations, (1307), 57-65.
https://doi.org/10.4000/hommesmigrations.2879
Stenger, T. et Coutant, A. (2011). Introduction. Hermès, La Revue, 59(1), 9-17. https://doi.org/10.3917/herm.059.0009
Stiegler, B. (2007). Questions de pharmacologie générale. Il n’y a pas de simple pharmakon. Psychotropes, 13(3-4), 27-54.
https://doi.org/10.3917/psyt.133.0027
Vincent, G. (2008). La socialisation démocratique contre la forme scolaire, Éducation et francophonie, 36(2), 47-62.
https://doi.org/10.7202/029479ar