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9, 2022
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Revue internationale sur le numérique en éducation et communication
universités du pays détiennent un service en ressources numériques. Toutefois, il est très limité. En effet,
le secteur éducatif de la RDC fait partie de ceux de l’espace francophone où les acteurs ont moins d’accès
aux technologies de l’information et de la communication (Thibeault, 2014).
Dans cet établissement universitaire où nous avons eu l’occasion d’enseigner, les problèmes structurels
et infrastructurels sont criants. Aucun service numérique n’est aménagé au profit des étudiants et des
professeurs qui s’y trouvent. Même ceux qui disposent de moyens technologiques personnels, comme
cela a été notre cas, n’arrivent pas toujours à s’en servir convenablement en classe, faute de la
discontinuité de l’énergie électrique et de la faiblesse de la bande passante dans la zone.
Dans un tel contexte d’enseignement et de grandes carences numériques, il se révèle compliqué pour les
professeurs de se documenter et de travailler adéquatement au moment opportun. En ce qui a trait aux
étudiants, outre l’impossibilité de consulter les bases de données scientifiques, d’effectuer des recherches
en ligne et de recevoir la documentation que leurs professeurs mettent à leur disposition électroniquement,
la précarité dans laquelle vivent certains d’entre eux constitue un sérieux frein à leur persévérance et à
leur réussite à l’université. En absence d’un bon ordinateur, d’une bonne tablette électronique ou d’un
téléphone intelligent, il s’avère vraiment problématique pour un étudiant de faire face aux exigences de
son programme et d’obtenir les rendements escomptés. Pourtant, ils sont nombreux les étudiants de
l’université en question qui se sont trouvés dans une telle situation.
L’un des constats les plus pertinents à noter, au terme de notre expérience en RDC, est l’inégalité
numérique entre les étudiants de notre cours. Nonobstant les défis infrastructurels que nous avons
évoqués plus haut, le manque de connectivité à titre d’exemple, plusieurs étudiants ont toujours été
relativement bien équipés numériquement dans la classe, contrairement à bien d’autres qui en ont été très
dépourvus. Il y en a qui n’ont même pas eu une adresse électronique pour communiquer avec les
professeurs et leurs camarades pour les besoins réguliers de documentation et de travail en équipe.
Après l’éclosion de la pandémie de COVID-19, nous avons pu, un tant soit peu, terminer le cours à
distance, vu que nous avons quitté le pays. C’est alors, particulièrement au cours de la finalisation du
processus d’évaluation, que nous nous sommes vraiment rendu compte de toute l’ampleur des contraintes
du numérique auxquelles sont confrontés les acteurs de l’enseignement supérieur en République
démocratique du Congo, surtout les étudiants de cette université de la ville de Kinshasa qui ont été les
bénéficiaires de notre cours.
Étant donné que l’université n’avait pas les structures numériques pour nous permettre de réaliser la
dernière séance de notre cours avant la tenue de l’examen final, nous avons dû nous servir des moyens
du bord, notamment l’adresse électronique, l’appel et la messagerie WhatsApp pour établir le contact avec
les étudiants en leur transmettant des documents et des consignes. À cause des mesures de distanciation
sociale contre la pandémie de COVID-19, il nous a été impossible de planifier une rencontre en
visioconférence que les étudiants auraient pu suivre, au moins, dans une même salle (par l’intermédiaire
de Zoom, Skype, etc.). Vu qu’ils ne sont pas tous munis des moyens numériques nécessaires, cela n’a
pas été du tout facile de les atteindre tous, même séparément. Donc, il nous a fallu beaucoup de
délicatesse et de persévérance pour terminer le cours à distance.
En ce qui concerne le processus d’évaluation, il a été réparti en un travail de recherche en groupe et un
examen final en classe. Étant donné que les étudiants n’ont pas pu se rencontrer pour travailler en
présentiel, ils auraient pu logiquement utiliser les technologies numériques pour réaliser les travaux en
équipe. Du fait qu’ils n’ont pas, tous, les moyens technologiques requis, plusieurs d’entre eux ont sollicité