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7, 2021
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Revue internationale sur le numérique en éducation et communication
Rabardel résume ainsi le double processus d’instrumentation/instrumentalisation qui se met en place entre
l’artefact et l’instrument, avec la prise en compte des contraintes et des potentialités de l’objet en question,
en l’occurrence, dans notre cas, le MOOC.
1.2. Complexité du système
Nous ne pouvons pas aborder la notion de dispositif sans nous référer à la notion de complexité, elle-
même liée à une vision systémique de celui-ci. Il y a une complexité inhérente au dispositif envisagé
comme un « entre deux » cognitif, ou technico-sémiopragmatique : « Une instance, un lieu social
d’interaction et de coopération possédant ses intentions, son fonctionnement matériel et symbolique, enfin,
ses modes d’interaction propres » (Peraya, 1999).
Le système qui s’articule dans le dispositif n’est pas stabilisé ni définitif, ce qui permet de ne pas l’envisager
d’une façon monolithique et figée, mais bien de parvenir à en faire évoluer les éléments constitutifs
(évolution du poids relatif de chacun des pôles ou, surtout, évolution des liens entre ces pôles). Nous
partons des éléments proposés par Rivens Mompean (2013) au sein du modèle ALADIN qui envisage les
éléments Apprentissage, Langues, Autonomie, Dispositif, Institution et Numérique qui s’articulent selon
deux niveaux de lecture : 1) niveau d’analyse éducative (macro/méso/micro) qui donne un rôle plus ou
moins flagrant à l’un ou l’autre des éléments et 2) selon la temporalité, puisqu’on est dans une adaptation
constante du système qui est évolutif et non définitif. Ces points de repère sont structurants pour penser
le dispositif dans son ensemble et nous prenons bien en compte, à l’instar de Morin (1990) :
•
L’importance des conditions initiales;
•
Le développement non linéaire, phases d’accumulation et de glissement avec transitions de
phase et auto-organisation;
•
Les états d’attraction et de répulsion : éléments qui font avancer ou reculer le système;
•
La coadaptation (interaction des sous-systèmes);
•
L’importance de l’individualisation.
En effet, le dispositif ne doit pas être envisagé comme une simple abstraction didactique, mais doit être
abordé dans sa dimension humaine au sens où celui-ci n’existe que par les usages qu’il suscite (de la part
des différents acteurs concernés : apprenants, concepteurs, enseignants, voire établissement
d’enseignement). Ce sont donc les interactions « sujets », « objets » et « actions » qui doivent être prises
en compte dans la dynamique systémique (Le Moigne, 1999). Il ne s’agit pas d’un projet ou d’un outil, mais
bien d’un objet complexe qui lie outil, établissement d’enseignement, usagers et contenus de formation,
ce qui nous invite à convoquer la notion d’« affordance », définie par Gibson (1979, p.127-129) comme
« neither an objective property nor a subjective property (...) It is equally a fact of the environment and a
fact of behavior »
2
. Les affordances sont donc offertes par les instruments en les mettant en lien avec la
façon dont celles-ci sont perçues, utilisées, voire détournées, dans la logique
d’instrumentation/instrumentalisation proposée par Rabardel (1995). Ceci conduit à devoir analyser des
tensions et des rétroactions entre les différents éléments du MOOC envisagé comme système, qui
permettront d’expliciter les éléments saillants pouvant être vus comme des configurations ou des
attracteurs, c’est-à-dire les configurations que le système « préfère » (Larsen-Freeman et Cameron 2008,
2
Trad : « Ni une propriété objective ni une propriété subjective (...). C'est à la fois une donnée de l'environnement et une donnée du
comportement. »