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7, 2021
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Revue internationale sur le numérique en éducation et communication
présentiel. Mettre en place des vidéos courtes et claires tout en minimisant au maximum les reformulations
représente donc un premier défi pédagogique.
Un deuxième type d’adaptation du discours, également indispensable, est lié à des contraintes relevant
du public cible d’un MOOC, celui-ci étant différent de celui qui prend part aux cours en présentiel. En effet,
si les deux enseignements qui constituent le MOOC « Langues et diversité : de la variation au
plurilinguisme » sont normalement proposés à des étudiantes de Bachelor de français langue étrangère,
les modules du MOOC peuvent, eux, être suivis par des participants et participantes de tous horizons,
déjà sensibilisés ou non à la diversité linguistique. De manière plus générale, les MOOC étant ouverts à
toutes et à tous, leur mise en place doit nécessairement s’accompagner d’un important travail de
vulgarisation de la part des enseignants et des enseignantes, et ce, sur deux plans. Premièrement, l’usage
de termes trop spécialisés doit être évité et s’ils s’avèrent tout de même nécessaires, ils doivent toujours
être explicités. Cette contrainte renvoie cependant au premier défi mentionné ci-dessus concernant les
enjeux temporels. Le recours à un discours métaphorique, qui pourrait constituer une piste d’explication
possible de certains termes, devrait toutefois, à notre sens, être évité. Les métaphores étant connotées
culturellement, elles peuvent en effet être difficiles à comprendre pour les participantes et participants
issus d’autres univers linguistiques et culturels. Deuxièmement, le travail de vulgarisation doit également
être mené sur le plan de la sélection des contenus traités dans les MOOC, puisque le processus de
didactisation – permettant de passer de données scientifiques à du contenu enseignable – doit permettre
à un public n’ayant potentiellement aucune connaissance du domaine traité de comprendre les contenus
proposés. C’est la raison pour laquelle il a été décidé, dans le projet de MOOC « Langues et diversité : de
la variation au plurilinguisme », d’intégrer du matériel issu d’émissions télévisées, de podcasts, d’articles
de presse, etc. Cependant, pour que les contenus restent tout de même universitaires, une attention
particulière a été portée à ce que les contenus proposés dans ce matériel externe présentent le point de
vue de spécialistes des thématiques concernées.
Un troisième enjeu pédagogique à prendre en compte lors de la mise en place d’un MOOC – et qui exige
également une adaptation sensible du discours – se rapporte à la scénarisation des capsules vidéo. En
effet, afin que les cours soient adaptés au format à distance, ils se doivent d’être non seulement plus courts
mais également scénarisés. À ce sujet, Peltier et Campion (2018) notent, entre autres, l’importance des
choix de tournage (lieux, cadrage, etc.) et de la façon de s’adresser aux participantes et participants. Plus
spécifiquement, ces auteurs relèvent par exemple l’importance pour les enseignantes et les enseignants
de maintenir une relation avec le public afin que celui-ci puisse apprendre de manière efficace. Cela a
directement pu être expérimenté par les concepteurs et conceptrices du MOOC « Langues et diversité :
de la variation au plurilinguisme » lors d’un atelier de scénarisation qui leur a été proposé
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. Dans le cadre
de cet atelier, ils et elles ont en effet été encouragés à s’adresser directement aux participantes et aux
participants, et à les interpeller en respectant un fil narratif composé d’une accroche, de contenus
systématiquement suivis de relances et d’une conclusion. Cette façon de procéder revient par exemple à
penser, lors de la rédaction des scripts, à poser des questions à un public qui ne sera pas réellement
présent au moment des tournages, ce qui ne se fait bien entendu pas de la même façon en présentiel.
Enfin, des enjeux dans le passage d’un cours à un MOOC résident également dans la prise en compte de
la diversité linguistique et culturelle des participants et participantes. En effet, comme le relèvent Fonseca
et Gajo (2020), les MOOC étant massifs, ouverts et en ligne, ils sont susceptibles d’être suivis par des
personnes d’univers linguistiques et culturels variés. Par conséquent, une attention particulière devrait être
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Atelier proposé par la Cellule MOOC de l’Université de Genève à toutes les équipes qui conceptualisent des MOOC dans cet établissement.
Atelier mis en place par la souris verte (https://lasourisverte.ch/).