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7, 2021
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Revue internationale sur le numérique en éducation et communication
Introduction
Des débuts balbutiants du e-learning, en passant par l’émergence prometteuse des MOOC (Massive Open
Online Courses) pour en arriver au déploiement de dispositifs de micro-learning adaptés aux besoins de
chacun, on voit que les pratiques de formation et d’apprentissage en ligne ont connu des évolutions
significatives, dont une des plus notables est le passage d’une seule médiation écrite à l’usage intensif de
la vidéo. Les questions de l'autoapprentissage et de l’autonomie sont également devenues centrales
(Henri, 2010). Comment faire en sorte que l’apprenant progresse à distance dans un parcours de formation
générique conçu pour plusieurs dizaines, centaines, parfois même milliers d’apprenants? Comment
favoriser chez cet apprenant l’acquisition de compétences nouvelles? Comment lui permettre d’entrer dans
un processus collaboratif?
Concernant l’usage du média audiovisuel, on sait qu’il est entré dans la classe depuis bien longtemps
(p. ex. cinéma, télévision) (Jacquinot, 1977). Mais son usage combiné avec d’autres médias (texte, son)
pour la scénarisation de cours en ligne est beaucoup plus récent. Si Glikman notait dès 2002 d’importantes
mutations de la formation à distance à mettre en lien avec l’émergence des technologies, elle ne pouvait
pas encore, à cette époque, percevoir les effets spécifiques qu’allait introduire la vidéo (Ria et Lussi Borer,
2015) dans les apprentissages. Quant aux questions relatives aux conditions d’apprentissage, les
réponses sont longtemps passées par le seul usage du texte forum-débat, qui est un outil classique
pouvant prendre en charge une partie de ces attentes (Sensevy et al., 2005). Mais la scénarisation des
enseignements à distance a peu à peu progressé. Les concepteurs de formation ont imaginé des
dispositifs s’appuyant sur une plus grande diversité d’outils comme des wikis, des réseaux sociaux ou des
modules d’évaluation formative pour mesurer la progression de l’apprenant, entre autres.
À partir de leurs expériences dans la production de capsules vidéo, la réalisation et l’animation de MOOC
et de SPOC (Small Private Online Courses), Michaël Bourgatte et Laurent Tessier, deux enseignants-
chercheurs, forment une équipe accompagnée d’un designer pédagogique et, épisodiquement, par des
formateurs experts. Ils évoquent, dans un entretien qu’ils ont bien voulu nous accorder, la manière dont ils
conçoivent la place de la vidéo dans des dispositifs d’apprentissage à distance
1
. Cette équipe de l’Institut
Catholique de Paris (ICP) – aussi petite soit-elle – est en tout point similaire à la plupart des laboratoires
de recherche ou d’expérimentation qui ont été montés ces dernières années dans les départements
universitaires de Laboratoire Sciences Humaines et Sociales (LSHS)
2
.
STÉPHANIE CHAUVEAU :
Pouvez-vous décrire comment vous vous y prenez pour réaliser et
intégrer des vidéos dans vos dispositifs d’apprentissage?
MICHAËL BOURGATTE ET LAURENT TESSIER :
Les capsules vidéo ont d’emblée été mises au cœur de
nos réalisations, et ceci, dès 2014. Le travail en collaboration avec le designer pédagogique que nous
avons recruté – parce qu’il avait spécifiquement des compétences dans la réalisation audiovisuelle – a
permis d’articuler le contenu des cours avec un format vidéo adapté. Si nous reprenons l’évolution du
cadrage par exemple : au début, lors de la première génération proposée, nous avions des enseignants
dans un amphithéâtre avec leurs étudiants. Une caméra permettait de capturer le cours qui était diffusé
1
Cette entrevue s’est déroulée à distance en visioconférence le 4 mars 2021. Elle a fait l’objet d’une retranscription puis d’une relecture par
les interviewés.
2
Cette observation repose sur les résultats du colloque Digital Humanities Centres: Experiences and Perspectives.
http://dhlabs2016.lach.edu.pl/index.html%3Fno-intro.html