revue-mediations.teluq.ca N
o
6, 2021
95
revue-mediations.teluq.ca | N
o
6, 2021
6
-
On peut toujours faire des expériences et « tester » des solutions originales, mais il ne faut
surtout pas les « essayer » à grande échelle ni les exporter;
-
Il n’y pas de « quick fix »
8
, la patience et la persévérance sont nécessaires au changement;
-
Il faut rester optimiste face au développement.
CATHIA PAPI : De façon plus générale, en tant qu’être humain, que t’a apporté ta carrière à
l’Université TÉLUQ? Quels sont tes plus grands accomplissements? Quels sont les événements
qui t’ont marqué positivement ou négativement?
MICHEL UMBRIACO : J’ai commencé à m’intéresser à la formation à distance et aux travaux qui ont
mené à la création de la TÉLUQ au tout début des années soixante-dix. Aujourd’hui, déjà cinquante ans
plus tard, la TÉLUQ a été et est encore l’axe central de ma vie professionnelle. Résumer ce parcours est
un défi marqué par l'impossibilité matérielle de traquer, pour soi et pour les autres, l'incommensurable
d'une vie professionnelle. En effet, une « carrière » ne peut s'inscrire que dans un maelström de choix
individuels dépendant des contextes scientifiques, sociaux, psychiques et politiques particuliers, et
évidemment changeants. Malgré tout, l’élément cardinal de toute cette carrière s’inscrit dans un désir et
une volonté de développer la formation à distance pour répondre aux besoins d'accessibilité universitaire
de la population québécoise. Pour ce faire, au cours des années, j’ai travaillé à plus de quarante cours et
à une trentaine de projets de formation continue; la partie la plus réjouissante de ces nombreux chantiers,
ce sont les témoignages des étudiants ou des clients pour qui la TÉLUQ a fait une différence dans leur
vie.
CATHIA PAPI : Depuis plusieurs années, tu travailles en prospective de l’enseignement supérieur
avec la FQPPU
9
et, plus récemment, avec le groupe présidé par Rémi Quirion, le scientifique en
chef du Québec, sur l’université québécoise du futur. À partir de ces travaux, quel avenir entrevois-
tu pour la TÉLUQ?
MICHEL UMBRIACO : En effet, le groupe de travail, présidé par le scientifique en chef, a remis, le
1
er
décembre dernier, un rapport d’une centaine de pages, intitulé L’université québécoise du futur :
Tendances, enjeux, pistes d'action et recommandations, à la ministre de l’Enseignement supérieur
(Quirion, 2020). La ministre devait le rendre public au début de février. On se doit de constater que la très
grande majorité des principaux enjeux nationaux et internationaux contenus dans ce rapport, tels que la
crise climatique, les pandémies, les grandes menaces économiques et démographiques, le déploiement
du numérique, la mondialisation, etc. sont au cœur des projets de recherche et de l’enseignement de
plusieurs équipes de professeurs de la TÉLUQ.
Quant à la TÉLUQ, elle doit, selon moi, rester au centre, en collaboration avec les collègues des autres
universités, de toute stratégie numérique des gouvernements du Canada et du Québec, incluant les
initiatives collectives concernant le e-learning. Par ailleurs, comme cela a été évoqué aux consultations
gouvernementales sur l’avenir de l’université de l’automne dernier, le « numérique modifie tout et partout »,
si bien qu’on réclame des universités et de la TÉLUQ qu’elles proposent des outils pour développer « un
solide sens critique pour éviter l’enivrement par la technologie ». En effet, « le numérique ne doit pas nous
imposer des changements, mais bien demeurer un outil de changement » (Quirion, 2020, p. 14).
8
Solution miracle.
9
Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU).