Revue internationale sur le numérique en éducation et communication
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LesracinesdeFADIO:généalogiedela
formationàdistancedansl’Est-du-Québec
TherootsofFADIO:genealogyofdistanceeducationinEastern
Quebec
LasraícesdeFADIO:lagenealogíadelaeducaciónadistanciaen
elEstedeQuebec
Francis Bastien, doctorant
Université du Québec à Rimouski (UQAR), Canada
francis_bastien@uqar.ca
RÉSUMÉ
Cet article propose une rétrospective sur des moments clés de l’histoire de la formation à
distance dans l’Est-du-Québec menant à la fondation du projet de Formation à distance
interordres (FADIO) et à son évolution récente en contexte de COVID-19. Il s’agit ici de
retracer, en commençant par les premières itérations de formation à distance (FAD) dans la
région, la fondation ou le virage vers la FAD d’établissements d’enseignement. Les
caractéristiques de la FAD dans l’Est-du-Québec, les besoins régionaux auxquels elle répond
et la clé de son succès seront ainsi abordés à travers le phénomène récurrent de la
collaboration entre les établissements.
Mots-clés :
FADIO, Est-du-Québec, Bas-Saint-Laurent, Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine,
histoire, formation à distance
ABSTRACT
This article offers a retrospective on key moments in the history of distance education in
Eastern Quebec leading to the beginning of the project Formation à distance interordres
(FADIO) and its recent evolution in the context of COVID-19. This overview aims to retrace,
through the first iterations of distance education (DA) in the region, the foundation or the shift
towards DA of educational institutions. The characteristics of the FAD in Eastern Quebec, the
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regional needs to which it meets and the key to its success will be examined through the
recurring phenomenon of collaboration between institutions.
Keywords:
FADIO, Eastern Quebec, Bas-Saint-Laurent, Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine,
history, distance education
RESUMEN
Este artículo ofrece una retrospectiva de los momentos clave en la historia de la formación a
distancia en la zona de Est-du-Québec, que llevaron a la creación del proyecto “Formation à
distance interordres” (FADIO), así como de su evolución reciente en el contexto de COVID-
19. El objetivo aquí es rastrear, a través de las primeras iteraciones de la formación a distancia
(FAD) en la región, la creación o el giro hacia la FAD de las instituciones educativas, así como
la colaboración entre instituciones, las características de la FAD en Est-du-Québec, las
necesidades regionales que satisface y la clave de su éxito.
Palabras claves :
FADIO, Est-du-Québec, Bas-Saint-Laurent, Gaspésie-Îles-de-la-
Madeleine, historia, formación a distancia
Introduction
Le vaste territoire du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine héberge une
université, cinq cégeps, quatre instituts et un grand nombre d’écoles primaires et secondaires, confrontés
presque tous au défi commun de desservir une population étudiante éparse et limitée par rapport aux
établissements urbains. Ce que les cours par correspondance rendaient déjà possible au début du siècle,
soit l’accès à une éducation supérieure jusqu’aux confins de régions éloignées, est aujourd’hui un service
que certains d’entre nous tiennent pour acquis et dont les exigences de qualité, du côté des professeurs
comme des étudiants, ont radicalement augmenté, s’approchant de celles des cours en présence. Le
progrès exponentiel des technologies de l’information y contribua, mais il serait réducteur de leur attribuer
tout le mérite pour le succès de la formation à distance (FAD), a fortiori sur un territoire son implantation,
son organisation et son développement reposent sur des ressources humaines et matérielles fragmentées.
Comprendre la valeur et le rôle actuels de la FAD dans l’Est-du-Québec demande de remettre en
perspective les moments clés de son histoire. Il faut retracer, d’une décennie à l’autre, le fil conducteur
entre les défis récurrents du système d’éducation dans l’Est-du-Québec, et reconnaître, parmi leurs
itérations successives, comment les solutions proposées ont mené à une collaboration unique dans le
regroupement de Formation à distance interordres (FADIO), qui constitue aujourd’hui une structure de
gouvernance collaborative réunissant les établissements scolaires de tous les ordres d’enseignement du
Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie
-
Îles-de-la-Madeleine par le biais d’une table de partenaires et d’un
comité de liaison, telle que schématisée à la figure 1.
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Figure 1
Structure de gouvernance de FADIO
Note. Source : FADIO (s. d.-a)
L’enjeu de pratique au cœur de cette rétrospective consiste en une recherche de solutions en FAD pour
répondre aux défis de la baisse démographique, de la distance géographique et des ressources limitées
pour le milieu de l’éducation de ces régions. Selon l’Institut de la statistique du Québec (2019, p. 32), « les
quatre régions les plus à l’est du Québec [Saguenay-Lac-Saint-Jean, Bas-Saint-Laurent, Gaspésie
-
Îles-
de-la-Madeleine et Côte-Nord] pourraient compter moins d’habitants en 2041 qu’en 2016 », projection dont
les pourcentages, indiqués à la figure 2, surpassent ceux de l’édition précédente et peuvent difficilement
être ignorés par les établissements scolaires.
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Figure 2
Variation projetée de la population totale, scénario Référence (A), Québec, régions administratives et
régions métropolitaines de recensement (RMR), 2016-2041
Note. Source : Institut de la statistique du Québec (2019, p. 32)
Déjà en 2004, le constat du Centre facilitant la recherche et l’innovation dans les organisations (CEFRIO)
vis-à-vis de ces enjeux dans le milieu collégial soulignait que « les moyens de consolidation actuellement
mis en œuvre ont atteint leurs limites et qu’il faudrait donc envisager sérieusement la mise sur pied d’une
autre stratégie, celle du recours aux technologies de l’information et de la communication » (CEFRIO,
2004, p. 5). Plus qu’une mesure transitoire ou palliative, une exigence s’imposait de réorganiser à long
terme la gestion des cégeps. Or, l’existence de compétences et d’infrastructures de FAD disséminées sur
le territoire ne suffisant pas pour surmonter ces défis complexes dans un contexte la survie de petits
établissements est menacée par la pénurie de ressources, la collaboration interinstitutionnelle joua et joue
un rôle essentiel dans la mise en œuvre de ces stratégies, comme cherche à le démontrer l’examen
historique qui suit.
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Les débuts de la FAD dans l’Est-du-Québec
En 1968, un reportage de Radio-Canada soulignait l’innovation du téléscript, technologie qui permettait
pour la première fois aux instituteurs des villes d’être entendus par voie téléphonique, alors même que
leur écriture était transmise et projetée en direct devant toutes les classes reliées au réseau de téléscript
du Bas-Saint-Laurent (ICI Bas-Saint-Laurent, 2020, 20 août). La communication directe, combinée au
support visuel du projecteur, offrait quelque chose de réellement novateur : l’ébauche d’un sentiment de
présence et d’interaction. Rejoignaient les étudiants de chaque village, non seulement la matière, mais
aussi la voix et la démonstration écrite du professeur, malgré la petitesse des groupes et le manque de
personnel qui, en d’autres circonstances, auraient forcé les étudiants à se déplacer. Le réseau,
technologique autant qu’humain qui se tissait entre les établissements d’enseignement des villes et les
écoles de village, continuera de s’étendre et de se solidifier. À cet égard, le reportage de 1968 ne témoigne
pas que d’une admiration d’époque devant les « merveilles de la science », mais révèle surtout le prototype
d’une solidarité régionale en éducation, dont la technologie était le catalyseur.
Le virage vers la formation à distance
Malgré cette percée, le coût et la portée des technologies posaient encore des limites considérables. Pour
cette raison, la FAD restera longtemps marginale dans son ampleur comme dans la priorité qu’elle
représente au sein des établissements. Il faudra attendre l’arrivée puis la démocratisation d’Internet pour
que les barrières technologiques soient radicalement diminuées et que se présente l’opportunide bâtir
un réseau à très grande échelle. À ses débuts, la FAD était souvent considérée comme une extension de
la formation continue, un service complémentaire se greffant aux programmes de cours présentiels, ce qui
explique pourquoi beaucoup d’établissements gardent des traces de ce fonctionnement plus localisé dans
leur gestion. Peu à peu, la transition vers ce mode d’enseignement engendra la création de nouveaux
organismes et de nouveaux partenariats, dont la gestion s’adapte à des besoins différents.
Développement d’une expertise en région
Desservir adéquatement un territoire aussi vaste que le Bas-Saint-Laurent ou la Gaspésie requiert avant
tout une capacité d’adaptation et de collaboration. Il n’est plus suffisant de se munir d’une structure
éprouvée sur le modèle des grandes universités, car tous les acteurs enseignants, gestionnaires,
conseillers pédagogiques et toutes les ressources matérielles et financières ne se retrouvent pas sous
le même toit. Pour bonifier l’offre limitée des cours à distance à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR)
comme dans les cégeps, qu’ils soient synchrones, asynchrones ou hybrides, il ne fallait pas seulement
développer une compétence, mais aussi en amplifier le rayonnement et en simplifier l’accès pour les
étudiants intéressés. Et dans une région aucun établissement ne dispose des ressources suffisantes
pour atteindre seul tous ces objectifs, une plus grande collaboration s’imposa.
La trajectoire du consortium Collegia est un bon exemple d’adaptation motivée par ce besoin. En 2000,
les services de formation continue du Cégep de la Gaspésie et des Îles, du Cégep de Matane et du Cégep
de Rivière-du-Loup formèrent ce consortium afin de mutualiser leurs ressources. Il ne s’agissait pas encore
de FAD, mais d’une expertise en « ingénierie de formation » mobilisée dans des projets internationaux de
formation continue et d’accompagnement des enseignants. Le virage vers la FAD, facilité par ce partage
de ressources, s’accentua au Cégep de Matane en 2004 dans la continuité du projet « Les cégeps en
réseau » qui visait entre autres la consolidation de l’offre de cours dans certains programmes à petites
cohortes (CEFRIO, 2004). La fusion des groupes de différents cégeps au sein d’un même cours en ligne
offert en mode synchrone par l’un ou l’autre établissement, lequel aurait manqué d’inscriptions en temps
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normal, permit de garantir une continuité et une offre de cours suffisante dans le parcours des étudiants.
Aujourd’hui, Collegia se fait connaître pour son expertise en formation à distance autant qu’en présence
dans les cégeps, dans les entreprises et à l’étranger, témoignant d’une approche à géométrie variable qui
semble répondre plus adroitement, désormais, aux exigences d’une réalité en constant changement.
L’Eastern Shore School Board (ESSB) est une commission scolaire dont l’expérience en FAD remonte à
plus loin encore et dans laquelle on reconnaît une adaptation similaire. Née de la fusion en 1998 des
commissions scolaires anglophones de la Gaspésie, des Îles-de-la-Madeleine, du Bas-Saint-Laurent et de
la Côte-Nord, l’ESSB représente un bassin d’étudiants anglophones, aux effectifs en déclin constant
depuis l’entrée en vigueur de la loi 101
1
, et dispersés sur un immense territoire (Journeau, 2008). Il n’est
donc pas étonnant que le besoin de développer la FAD se soit imposé là aussi comme mesure de survie
bien avant que FADIO en arrive au stade de projet et que l’ESSB se joigne à l’initiative en 2017. Déjà en
1997, Andy Ross, enseignant à l’école d’Escuminac, offrait le premier cours crédité de niveau secondaire
entièrement en ligne, un défi impressionnant d’autant plus qu’il s’assura de maximiser l’interaction avec
les élèves grâce aux moyens dont il disposait : présentation affichée à l’écran, voix transmise en direct,
exercices tracés à l’ordinateur par les élèves à l’aide d’un crayon tactile (ESSB, s. d.). Encore aujourd’hui,
la FAD offre un filet essentiel pour relier et soutenir les élèves et les enseignants de la commission scolaire.
L’enseignement à distance à l’UQAR
L’UQAR demeure le plus grand établissement d’enseignement supérieur de l’Est-du-Québec et offre des
services à distance depuis ses débuts. « Dans les années 80, des cassettes et des livres étaient postés
aux personnes inscrites aux cours “médiatisés” » nous rappelle le numéro spécial de l’Universitaire publié
à l’occasion du 50
e
de l’UQAR (UQAR, 2019, p. 27). Le virage marqué vers la FAD se fit dans les années
90 avec le début des cours à distance, d’abord asynchrones puis, dans la deuxième moitié des années
90, synchrones, utilisant pour la première fois la vidéoconférence. Cet ajout visait d’abord à contribuer au
développement de la région et à la formation continue des travailleurs et des professionnels en entreprise,
mais aussi à répondre au besoin criant de formation des maîtres dans la région afin qu’un plus grand
nombre d’enseignants obtiennent leur diplôme. Il n’est donc pas étonnant qu’en 2013 l’UQAR ait lancé le
baccalauréat en enseignement professionnel à titre de premier baccalauréat entièrement à distance. Au
cours de ces deux décennies, les moyens technologiques firent des progrès considérables, avec
l’apparition des environnements numériques comme Claroline, qui fut employé dans les années 2000, puis
Moodle, aujourd’hui le support bien connu du Portail étudiant (UQAR, 2019, p. 27).
Les trajectoires tracées par l’évolution de ces instances et des organisations mentionnées plus haut, aussi
disjointes qu’elles puissent paraître à cette étape, se rapprochaient déjà par leurs défis communs et leur
reconnaissance du rôle de la FAD convergence qui laissait entrevoir la possibilité, et bientôt la nécessité,
d’une association à plus grande échelle.
Naissance et évolution de FADIO
Au début des années 2010, dans le contexte des coupures du gouvernement de l’époque en éducation
(qui culmineront avec la fermeture des directions régionales du ministère de l’Éducation du Québec en
2014) et d’une baisse démographique non négligeable, la pression pour réorganiser le réseau scolaire des
régions s’ajouta à celle, déjà forte, pour y développer la FAD. Il s’agissait de faire face à la compétition,
très attirante pour les jeunes du Bas-Saint-Laurent ou de la Gaspésie, des cégeps et des universités de
1
La loi 101, ou Charte de la langue française, adoptée en 1977, affirme le français comme langue officielle du Québec et définit les droits
linguistiques des Québécois.
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Québec ou de Montréal, après qu’Internet ait presque aboli les barrières géographiques. C’est pourquoi
en 2012, à l’initiative du Cégep de Matane, une étude exploratoire sonda les établissements
d’enseignement du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie
-
Îles-de-la-Madeleine dans le but d’identifier les
besoins et d’esquisser le meilleur mode de fonctionnement d’une éventuelle association.
Exploration et vecteurs communs
Avant la formation de FADIO, dont la première entente remonte à 2013
2
, la Table interordres d’éducation
du Bas-Saint-Laurent (TIO BSL) et la Table Éducation-Formation-Emploi de la région Gaspésie
-
Îles-de-
la-Madeleine (TÉFE GÎM) réunissaient des responsables de tous les niveaux d’enseignement, mais la
gestion se faisait plus localement. L’étude exploratoire lancée en 2012 avait donc pour objectif de
« prendre le pouls de ces établissements et d’identifier des vecteurs communs » en vue d’une collaboration
plus étroite en FAD, explique Daniel LaBillois, responsable du Centre de pédagogie universitaire à l’UQAR
et collaborateur de FADIO depuis sa création (communication personnelle, 5 novembre 2020).
Le constat apparut clairement. Pour atteindre et préserver l’excellence, il faudrait maintenir un dialogue
constant, un partage des ressources et une transmission des compétences à échelle interordre : tous les
établissements scolaires des deux grandes régions pouvaient contribuer et avaient à gagner d’une telle
entente (Simard, 2013). La mise en place d’un partenariat relevait de la nécessité, mais cela ne signifiait
pas que les membres s’y joindraient à contrecœur. Au contraire, même si l’existence de programmes
similaires d’un établissement à l’autre pouvait engendrer une certaine concurrence, la véritable compétition
se trouvait dans les grandes villes. Pour contrer la concurrence et du même coup assurer l’accessibilité et
la viabilité des programmes de formation, les partenaires locaux, soit l’UQAR et l’ensemble des
commissions scolaires, cégeps et instituts du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie
-
Îles-de-la-Madeleine
allaient s’allier sur deux vecteurs fondamentaux, soit la pédagogie et la technologie.
Le point de bascule
La transition du mode de gestion par les Tables régionales interordres à celui de FADIO, impliquant une
coopération plus directe et une table des partenaires unique, ne se fit pas du jour au lendemain, bien
qu’elle constitue un point charnière. Pour Mylène Simard, coordonnatrice de FADIO, cela représentait un
enjeu de mise en commun des ressources pour former les enseignants, prévoir des achats groupés et
s’ajuster plus agilement aux changements nécessaires (Radio-Canada, 2017). Le plan d’action visait entre
autres à garantir la « disponibilité de la meilleure ressource sur le territoire », pour tous les membres,
chaque fois qu’un nouveau défi émergeait. S’ajouta le souci de « pérenniser la structure » en assurant la
rotation des responsables, la documentation et la transmission continue des compétences (D. LaBillois,
communication personnelle, 5 novembre 2020). À long terme, ce principe de partage équitable, le respect
mutuel et la reconnaissance du fait que chaque établissement a besoin des autres pour atteindre ses
propres objectifs dans un domaine aussi multidisciplinaire, inspirèrent la confiance et un sentiment
d’appartenanceet motivèrent les membres à s’engager dans une gouvernance collaborative.
2
Cette première entente réunissait l’UQAR, les commissions scolaires, les cégeps et les instituts du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie-Îles-
de-la-Madeleine figurant dans la structure de gouvernance actuelle de FADIO (figure 2), à l’exception de l’ESSB et du Conservatoire de
musique de Rimouski, qui rejoindront FADIO en 2017.
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La première rencontre des partenaires, qui eut lieu en juin 2014, fut l’occasion pour tous les membres de
faire un bilan des premiers mois, de présenter leurs contributions et leurs réussites. L’échange non
seulement confirma la raison d’être de FADIO, mais renforça le désir de chacun d’y participer, menant
jusqu’au renouvellement de l’entente de collaboration en 2017, puis en 2020.
La crise pandémique
La situation exceptionnelle du confinement engendrée par la pandémie de COVID-19 aurait sans doute
eu des répercussions plus néfastes sur l’expérience des étudiants et la tâche des acteurs du milieu de
l’enseignement si le réseau n’avait pas réaffirmé sa cohésion et atteint un niveau supérieur de flexibilité et
de transférabilité des compétences. Outre la structure de gouvernance horizontale, des projets mis en
branle par FADIO bien avant la pandémie jettent aujourd’hui la base d’un système robuste
d’accompagnement pour tous ses membres. Soutien FADIO, notamment, un projet qui devait initialement
prendre la forme de camps et d’ateliers ponctuels, a pris de l’ampleur jusqu’à devenir une plateforme
permanente, sur Internet ou par ligne téléphonique d’urgence, les formateurs peuvent recevoir
gratuitement un soutien technopédagogique de deuxième ligne (FADIO, s. d.-b). À ce service, offert par
différents conseillers pédagogiques, technopédagogues et spécialistes sur le territoire, s’ajoute l’animation
d’ateliers exploratoires sur les plateformes Microsoft Teams ou Moodle.
Comme l’explique Mylène Simard (communication personnelle, 16 novembre 2020) : « Pour répondre au
nombre important d’acteurs de l’éducation à la recherche de solutions pour adapter leur pratique à la FAD,
on a multiplié la mise en place de communautés de pratique et d’apprentissage, favorisant ainsi le partage
d’expertise. » Les établissements n’échappèrent pas à la crise, mais eurent promptement accès à ces
recours, qu’il aurait été ardu de mobiliser sans partenariat, contribuant à accroître leur autonomie.
Discussion
Le bilan de ces évènements notables dans l’histoire de la FAD dans l’Est-du-Québec, condensés sous
forme de ligne du temps sommaire à la figure 3, fait apparaître des constats qui font écho aux
préoccupations ayant mené à la création de FADIO : d’une part, le rôle central de la FAD pour affronter
les enjeux de baisse démographique et de ressources limitées et, d’autre part, le besoin de façonner des
structures de gouvernance collaborative pour assurer la survie des petits établissements sur un immense
territoire à desservir.
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Figure 3
Quelques jalons de l’histoire de FADIO et de la FAD dans l’Est-du-Québec projetée
L’efficacité des pratiques de FADIO fait régulièrement l’objet d’une évaluation interne, entre autres par son
comité de qualité de la FAD, dont le rôle est de produire des outils servant de cadre de référence pour le
développement de la FAD et par le biais d’un questionnaire adressé aux membres chaque année
permettant de mesurer l'atteinte d’une série d’objectifs fixés par le plan d’action annuel (M. Simard,
5 février 2021, communication personnelle). L’épreuve de la pandémie mit en lumière les forces de ce
modèle, la rapidité d’action, la flexibilité, la qualité du soutien offert, mais occasionna également un test
révélateur de ses limites, notamment communicationnelles. Dans un réseau aussi vaste, reliant des milieux
séparés par le biais d’un comité de liaison, de professionnels en prêt de services et d’échanges
numériques, il suffit qu’un maillon de la chaîne échoue à transmettre l’information pour que l’ensemble de
la communication soit compromis. Pour résoudre cette difficulté, FADIO cherche à établir des voies de
communication plus directes avec les conseillers pédagogiques et les technopédagogues sur le terrain,
en leur offrant simultanément davantage de formation afin de consolider leur autonomie (M. Simard, 5
février 2021, communication personnelle).
Conclusion
En mai 2020, FADIO reçut de l’UNESCO le titre de « pratique prometteuse en éducation », reconnaissance
internationale soulignant une contribution majeure à l’accès à l’éducation pour tous. Parmi les critères de
sélection figurent le caractère innovant des méthodes et leur impact sur la communauté, l’engagement
des parties prenantes, la gestion compétente, la documentation et l’adaptabilité des pratiques (UNESCO-
UNEVOC, s. d.). Non seulement cette reconnaissance met en valeur le partenariat dans l’Est-du-Québec,
mais « FADIO est la première initiative en Amérique du Nord à être retenue dans ce répertoire qui réunit
douze autres pratiques à l’échelle mondiale » (FADIO, 2020).
Ces apports reconnus et éprouvés dans la dernière annéeengagement commun, adaptabilité, gestion
plus efficientene rendent pas moins substantielles les limites de la structure et les défis qu’elles posent
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dans un avenir rapproché, comme la complexité des voies de communication et de l’organisation au sein
d’un réseau aussi étendu. Il n’est pas anodin de faire correspondre une gestion à l’échelle humaine qui
repose sur le partage et la communication directe entre les acteurs sur le terrain, avec un mode
d’enseignement où lesdits acteurs sont de facto séparés par des centaines de kilomètres. S’il s’agit là de
la clé du succès de FADIO; on peut aussi y reconnaître un modèle inspirant de développement régional
pour l’éducation au Québec.
Liste de références
CEFRIO. (2004). Projet Les Cégeps en réseau. La mise en réseau de programmes techniques en difficulté peut-elle
permettre leur consolidation?
https://www.collegeahuntsic.qc.ca/documents/3d01eb37-3232-4925-809d-9c5be7233e7b.pdf
ESSB. (s. d.). Distance Education. Eastern Shores School Board.
https://schools.essb.qc.ca/escuminac/our-history/distance-education/
FADIO. (s. d.-a). À propos. https://www.fadio.net/a-propos/
FADIO. (s. d.-b). Besoin de soutien? https://www.fadio.net/soutien/
FADIO. (2020, 12 mai). FADIO reçoit le titre de pratique prometteuse en éducation de l’UNESCO.
https://www.fadio.net/fadio-recoit-le-titre-de-pratique-prometteuse-en-education-de-lunesco/
ICI Bas-Saint-Laurent. (2020, 20 août). Canada Magazine, janvier 1968 [vidéo jointe] [statut Facebook]. Facebook.
https://www.facebook.com/icibassaintlaurent/videos/3344662548925420
Institut de la statistique du Québec. (2019). Perspectives démographiques du Québec et des régions, 2016-2066.
https://statistique.quebec.ca/en/fichier/perspectives-demographiques-du-quebec-et-des-regions-2016-2066-edition-
2019.pdf
Journeau, C. (2008). Historical Perspective. Eastern Shores School Board.
https://www.essb.qc.ca/plan/en/index.php?page=historical
Radio-Canada. (2017, 15 septembre). FADIO : un programme de formation à distance de grande envergure renouvelé.
https://tinyurl.com/82z4sx68
Simard, M. (2013, 26 novembre) Un projet de formation à distance interordres suprarégional et novateur. Portail du réseau
collégial du Québec.
http://lescegeps.com/nouvelles/mots-cles/table_interordres_deducation_du_bas_saint_laurent_tio_bsl
UNESCO-UNEVOC. (s. d.). Sélection des pratiques prometteuses.
https://unevoc.unesco.org/home/Cadre+conceptuel+pour+l+evaluation+des+pratiques+prometteuses+en+EFTP
Université du Québec à Rimouski (UQAR). (2019). 50 ans de formation à l’UQAR [Numéro spécial]. L’universitaire, 26-27.
https://fr.calameo.com/read/000879539931cf2b0f894?page=1