revue-mediations.teluq.ca No. 4, 2020
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Singer et Brown (2013), « l’hybridité » représente un troisième espace (après la classe et la maison) que
toute personne formatrice devrait chercher à investir pour favoriser une utilisation du numérique judicieuse
et au service de l’apprentissage. Reste toutefois à comprendre, comme bon nombre d’écrits le soulèvent,
ce que le numérique permet réellement d’hybrider, avec quels effets, et sur quels espaces il permet à la
classe de s’ouvrir (Lakhal et Meyer, 2019). Justement, Roche et Rolland présentent une étude portant sur
un dispositif de formation en ligne innovant à destination d’enseignantes et d’enseignants en formation.
Ce dispositif mise sur la vidéo 360 afin d’ouvrir virtuellement les portes d’une salle de classe pour favoriser
la « construction de connaissances d’intervention nouvelles et d’expériences immersives proches de celles
vécues en situations de classe réelles ».
Alors que les questions d’efficacité des dispositifs en ligne (distanciels ou hybrides) demeurent, nous
retenons en cette période de crise que les environnements numériques peuvent permettre à des groupes
d’apprenant.e.s de se réunir et de collaborer, et ce, que ce soit par la formation en ligne, un MOOC, un
forum de discussion, un jeu ou encore un réseau social (Poellhuber, Roy et Moukhachen, 2017; Verquin
Savarieau, 2017). Ainsi, sans véritablement remplacer l’efficacité des interactions humaines en présentiel,
certains dispositifs de formation en ligne permettent de faire fi de contraintes spatio-temporelles, et ce, au
profit de la richesse d’une expérience éducative entièrement en ligne ou hybride (Garrison, Anderson et
Archer, 2000). Cependant, au sein de ces communautés d’apprentissage qui se retrouvent en ligne à la
recherche d’une “présence à distance” (Jézégou, 2012), il est important de réfléchir au potentiel
pédagogique des interactions entre apprenants et aux manières d’en réinvestir les traces (écrites, audio
ou vidéo), une fois de retour en classe ou chez-soi. Contestant justement cette expérience éducative,
Mohib, Chenchen et Guillon abordent dans leur texte un type de dispositif numérique innovant : un MOOC
hybride intégré dans une formation en présentiel. Ils interrogent notamment l’engagement des étudiant.es
dans ce type de dispositif ainsi que l’utilisation faite des diverses ressources mises à leur disposition en
ligne. En parallèle, Brandl interroge dans son article, les conditions d’appropriation des savoirs
disciplinaires dans cette ère numérique où les ressources pédagogiques ne peuvent plus être organisées
et structurées de la même manière. Il questionne ainsi les « logiques par lesquelles les dispositifs et
contenus numériques sont pensés à l’université » et l’évolution des rapports aux savoirs que génère le
numérique.
Nous retenons également de cette période historique l’importance du développement professionnel des
personnes enseignantes et des formatrices, en particulier en ce qui concerne leurs compétences
numériques et leur capacité à exploiter des ressources pédagogiques, quel que soit le contexte qui régente
l’organisation de leur activité professionnelle (Karsenti, 2019). Cette crise sanitaire qui les a très
rapidement forcés à exploiter de manière intensive, et souvent improvisée, le numérique, que ce soit pour
planifier leur enseignement, animer ou piloter des situations d’enseignement apprentissage, les a
également contraints à communiquer autrement, en sortant de leurs espaces d’enseignement
traditionnels, que ce soit avec les apprenants (élèves, étudiants), mais aussi avec les parents et l’ensemble
des acteurs et actrices de la communauté éducative.
Par conséquent, cette crise a mis en exergue l’importance des démarches qualité en éducation et en
formation qui se développent à l’échelle de la planète cherchant à produire une dynamique d’amélioration
continue à plusieurs niveaux : celui du développement professionnel, celui des dispositifs de formation et
celui de l’accompagnement des politiques des systèmes d’éducation et de formation nationales. Ces
démarches manifestent une volonté de mieux structurer l’activité, de l’organiser en la rendant plus visible,
de se démarquer de ce qui se fait ordinairement, traduisant aussi une intention de professionnalisation
accrue des organisations et des personnels, en réponse à des besoins de terrain. Cette tentative de
rationalisation se heurte pourtant à l’incertitude de notre époque que nous pourrions résumer par quatre
dimensions : l’indétermination, l’imprévisibilité, la remise en question des savoirs, et les manques de
repères spatiaux et temporels. Alors que l’on conçoit de plus en plus le processus formatif dans une logique
d’investissement, les technologies qui accompagnent les transformations en cours contribuent également