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l’ingénierie pédagogique créée s’adosse à une dynamique d’apprentissage collaboratif. En effet, les
étudiants engagés dans le « Projet Up » sont conduits à tisser différentes collaborations avec des acteurs
particulièrement hétérogènes dans et hors l’université : (1) des collaborations entre membres de l’agence
de communication junior ancrées dans la dynamique de « team flow » (Borderie, 2015), d’interdépendance
positive et de « (mé)tissage » des points de vue; (2) des collaborations avec l’enseignante, sur un mode
de fonctionnement « a-hiérarchique » inspiré de modalités managériales participatives qui envisagent la
relation enseignant/étudiant comme une collaboration horizontale et un partenariat pédagogique marqués
par l’interchangeabilité des rôles, l’encouragement à la prise d’initiatives/de responsabilités et la
démocratisation de la décision; (3) des collaborations avec les étudiants « aînés et parrains » (troisième
année de Licence) qui entendent susciter des liens interpromotions stimulants, susceptibles de favoriser
tout à la fois l’intégration des L1 et leur attachement aux études entreprises; (4) enfin, des collaborations
avec des enseignants, des membres du personnel administratif et des partenaires extérieurs (sponsors,
mécènes...) qui favorisent une acculturation à l’environnement universitaire et un réseautage stratégique
(au-delà du microcosme universitaire) propices à la réussite et à l’intégration des étudiants. Ces différentes
collaborations sont pensées comme des modalités visant à faciliter l’acquisition de compétences
collaboratives indispensables pour leur poursuite d’études et leur devenir socioprofessionnel.
Les différentes collaborations ainsi impulsées contribuent à un « (mé)tissage » de disciplines
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, dans la
mesure où le projet conduit les étudiants à aller glaner, dans différents départements et disciplines, les
éléments utiles à l’atteinte collective de leurs objectifs. Elles favorisent par ailleurs un « (mé)tissage » de
personnalités, d’expériences et de compétences d’acteurs particulièrement hétérogènes (étudiants,
enseignants, personnels administratifs, acteurs économiques…).
Plus globalement, les collaborations et les « (mé)tissages » pointés dans la présente contribution semblent
dépendants et consubstantiels de l’hybridation du dispositif. En effet, l’hybridation du dispositif, par
l’intermédiaire de différentes plateformes (Facebook, Messenger, Whatsapp, Google Drive), semble
constituer un socle permettant tout à la fois : (1) d’assurer différentes modalités pédagogiques permettant
d’amplifier l’apprentissage : présentiel enrichi, travail distanciel synchrone et asynchrone, présence à
distance (Jézégou, 2010); (2) de mettre en place les collaborations hétérogènes et les « (mé)tissages »
particulièrement denses induits par le pilotage en mode projet « agile »; (3) d’acculturer les étudiants à
des pratiques numérisées et à des littératies numériques (Hoechsmann et DeWaard, 2015) indispensables
à leur devenir.
Ainsi, les différents résultats obtenus introduisent la fécondité des pédagogies innovantes
-
dont
l’écosystème articule conduite de projet « agile », apprentissage collaboratif et « (mé)tissages »
-
dans la
mise en œuvre de dispositifs d’accompagnement et d’aide à la réussite. Ils pointent notamment les
opportunités qu’offre ce type de pédagogie pour ludiciser l’activité d’écriture, sensibiliser à des pratiques
académiques et professionnelles, et ainsi favoriser tout à la fois l’intégration et la réussite des étudiants.
Ces résultats soulignent par ailleurs la fertilité de l’hybridation, de la médiation et de la médiatisation
(Peraya et Papi, 2018) pour la mise en œuvre de ce type de pédagogie innovante.
Ces pistes s’avèrent particulièrement fécondes pour étudier d’autres situations d’apprentissage et d’autres
dispositifs pédagogiques dans d’autres établissements et disciplines, du fait même du caractère
fondamentalement transdisciplinaire de nos propositions. En effet, l’étude présentée dans le cadre de cette
contribution ainsi que les premiers résultats relevés en amorçant une réflexion sur les effets des ingénieries
pédagogiques projectives, collaboratives et hybrides sur les apprentissages des étudiants ouvrent un
ensemble de perspectives scientifiques qui mériteraient, selon nous, d’être investies.
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(Mé)tissage : néologisme convoqué dans la présente communication, afin d'esquisser un trait d’union entre, d’une part, les tissages initiés
dans le cadre du dispositif et, d’autre part, les métissages qui en résultent.
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« On a plusieurs plateformes […] maintenant on est rodés, on navigue partout dans les dossiers
de Drive, on pose des fichiers, tout ça; mais au début, on était moins à l’aise […] j’avais pas le
réflexe d’aller d’un à l’autre »;
« […] à la base, j’avais ni Drive ni Facebook donc j’ai dû créer des comptes et me mettre à la
page, j’ai eu plus de mal que les autres ».
Enfin, il s’agit, pour chaque étudiant impliqué dans ce projet collaboratif, de trouver sa place, d’exprimer
sa voix et de s’affirmer tout en respectant la diversité des points de vue dans un groupe-projet.
« Au début, j’étais pas rassurée parce que je suis hyper timide donc je savais pas si j’allais arriver
à trouver ma place dans l’agence »;
« Les brainstormings, c’est génial, parce que tout le monde dit son avis : après, le plus dur, c’est
de se faire entendre ».
Notons que dans le cadre du Projet Up, les choix de fonctionnement qui ont été décrits plus haut tentent
de fournir des pistes susceptibles de remédier aux freins et aux difficultés qui viennent d’être présentés.
Conclusion
La présente contribution interroge les mécanismes en jeu dans les dispositifs pédagogiques hybrides et,
plus précisément, ceux des dispositifs d’aide à la réussite mis en œuvre à l’université. Elle étudie
l’ingénierie pédagogique d’un dispositif d’aide à la réussite universitaire spécifique : la remédiation centrée
sur l’écrit, l’intégration et la réussite des étudiants en première année de Licence. Elle se centre tout
spécifiquement sur la remédiation en Information-communication que nous avons mise en œuvre en tant
que maître de conférences et ingénieure pédagogique au sein de l’Université Paul-Valéry (Montpellier III).
Nos statuts complémentaires nous permettent d’initier un point d’entrée analytique-pratique et un fructueux
dialogue de chercheur-praticien, convoquant une démarche ethnographique fondée sur le recueil et
l’analyse de matériaux de terrain (storyboards pédagogiques, journal de bord, comptes rendus de séances
et de réunions pédagogiques). Cette démarche nous permet d’explorer in vivo les mécanismes, les leviers
et les ressorts fonctionnels de l’ingénierie pédagogique mise en œuvre dans le cadre de ce dispositif, soit :
le pilotage pédagogique en mode conduite de projet « agile », l’apprentissage collaboratif, le
« (mé)tissage » et l’hybridation. Nous étayerons synthétiquement, infra, ces différents mécanismes.
Le dispositif de remédiation mobilise une logique de conduite de projet (Perrenoud, 2002) et une
dynamique de « learning by doing » (Dewey, 1968) pour conduire les étudiants à produire de l’écrit, à se
familiariser avec leur cursus et à s’y intégrer. En effet, les étudiants assurent l’organisation et la promotion
d’un événement mettant en lumière les travaux de leurs « aînés » (étudiants en troisième année de
Licence). Cette conduite de projet s’ancre dans une dynamique « agile » (Messager, 2013) qui privilégie
des modes de fonctionnement flexibles tels que la collaboration, l’auto-organisation, l’adaptation et
l’anticipation. En ancrant ainsi le dispositif de remédiation dans une dynamique d’apprentissage par projet
« agile », nous l’inscrivons simultanément dans le paradigme de la « communication engageante »
(Kiesler, 1971; Joule et Beauvois, 1998) : en effet, les étudiants sont encouragés à s’engager dans un
projet promotionnel et événementiel stimulant, identifié par un naming pédagogique valorisant (Projet Up).
Ce projet s’avère d’autant plus engageant qu’il contribue à une « spirale vertueuse » : en assurant la
promotion des travaux de leurs « aînés », les étudiants mettent en valeur une multitude de compétences
acquises dans le cadre de leur cursus et assurent simultanément la visibilité de leur département et de
leur établissement.
Outre un ancrage dans un apprentissage par projet « agile » et dans la communication engageante,