Revue internationale sur le numérique en éducation et communication
revue-mediations.teluq.ca | No. 3, 2020
Mots-clés :
visioconférence, téléprésence, webconférence, enseignement supérieur
ABSTRACT
At a time when the world is going through a health crisis that is transforming human relations
and the relationship to training, this special issue proposes to question distance learning and
more specifically telepresence in higher education. The authors offer new insights by placing
at the heart of their concerns the human dimension of synchronous and distant teaching and
learning activities.
Keywords:
videoconferencing, telepresence, web conferencing, higher education
RESUMEN
En un momento en el que el mundo atraviesa una crisis sanitaria que está transformando las
relaciones humanas y en relación con la formación, este número especial se propone
reflexionar sobre la enseñanza a distancia y, más concretamente, sobre la telepresencia en
la enseñanza superior. Los autores ofrecen nuevas perspectivas al situar, en el centro de sus
preocupaciones, la dimensión humana de las actividades de enseñanza y aprendizaje
sincrónicas y a distancia.
Palabras clave:
videoconferencia, telepresencia, conferencia web, educación superior
Malgré un usage grandissant en enseignement supérieur de dispositifs numériques permettant la création
de contextes d’enseignement et d’apprentissage synchrones et distants (visioconférence, téléprésence et
webconférence), les études scientifiques relatives aux usages et pratiques, aux conditions favorisant un
enseignement et un apprentissage de qualité ou encore aux retombées réelles de ces dispositifs sont peu
nombreuses. Certains travaux démontrent toutefois que ces dispositifs technologiques ne sont pas
nécessairement adaptés aux multiples besoins de l’enseignement et de l’apprentissage (Alhlak,
Ramakrisnan, Hameed et Mohseni, 2012) et qu’ils n’ont pas été conçus pour faciliter la mise en œuvre
des nombreuses méthodes et approches pédagogiques (Gillies, 2008; Lawson, Comber, Gage et Cullum-
Hanshaw, 2010).
Plusieurs questions émergent : comment agissent les acteurs (formateurs, apprenants ou autres) engagés
dans de tels dispositifs? En quoi ces dispositifs transforment-ils l’enseignement et l’apprentissage? Quelles
compétences doivent développer les acteurs de la formation? Quels rôles peuvent jouer les conseillers et
ingénieurs pédagogiques? Quels sont les enjeux institutionnels propres au déploiement de ce type de
dispositifs et comment marquent-ils l’enseignement et l’apprentissage? Quelles sont les conditions qui
participent du succès de ces contextes particuliers? Quels enjeux méthodologiques émergent de létude
de ces contextes?
Alors que la formation à distance s’intègre de plus en plus à l’offre de formation en enseignement supérieur
et qu’elle mise sur l’exploitation de dispositifs numériques facilitant la téléprésence, ces questions
deviennent centrales. La fermeture généralisée des établissements denseignement, provoquée par la
Recension
Rinaudo,J.-L.(2018).Latéléprésenceenformation.
Londres,Royaume-Uni:ÉditionsISTE.
Review:Rinaudo,J.-L.(2018).Latéléprésenceenformation.
Londres:ÉditionsISTE
Recensión:Rinaudo,J.-L.(2018).Latéléprésenceenformation.
Londres:ÉditionsISTE
Matthieu Petit, Professeur
Université de Sherbrooke, Canada
matthieu.petit@usherbrooke.ca
RÉSUMÉ
Dirigé par Jean-Luc Rinaudo, « La téléprésence en formation » découle de la tenue en 2017
d’un symposium ayant regroupé des chercheuses et chercheurs de quatre différents pays
(France, Belgique, Suisse et Canada) lors des rencontres du Réseau international de
recherche en éducation et formation (RÉF). Composé de neuf chapitres répartis selon trois
thèmes, l’ouvrage repose sur différents travaux de recherche s’intéressant à la téléprésence,
et offre ainsi un vaste panorama de ce sujet phare pour la formation en ligne.
Mots-clés :
téléprésence, accompagnement, enseignement, robotique
ABSTRACT
Directed by Jean-Luc Rinaudo, "La téléprésence en formation (Telepresence in Training)" is
the result of a symposium held in 2017 that brought together researchers from four different
countries (France, Belgium, Switzerland and Canada) and that took place during the meetings
of the International Network for Research in Education and Training (Réseau international de
recherche en éducation et formation - RÉF). Comprising nine chapters divided into three
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Mots-clés : visioconférence, téléprésence, webconférence, enseignement supérieur
ABSTRACT
At a time when the world is going through a health crisis that is transforming human relations
and the relationship to training, this special issue proposes to question distance learning and
more specifically telepresence in higher education. The authors offer new insights by placing
at the heart of their concerns the human dimension of synchronous and distant teaching and
learning activities.
Keywords: videoconferencing, telepresence, web conferencing, higher education
RESUMEN
En un momento en el que el mundo atraviesa una crisis sanitaria que está transformando las
relaciones humanas y en relación con la formación, este número especial se propone
reflexionar sobre la enseñanza a distancia y, más concretamente, sobre la telepresencia en
la enseñanza superior. Los autores ofrecen nuevas perspectivas al situar, en el centro de sus
preocupaciones, la dimensión humana de las actividades de enseñanza y aprendizaje
sincrónicas y a distancia.
Palabras clave: videoconferencia, telepresencia, conferencia web, educación superior
Malgré un usage grandissant en enseignement supérieur de dispositifs numériques permettant la création
de contextes d’enseignement et d’apprentissage synchrones et distants (visioconférence, téléprésence et
webconférence), les études scientifiques relatives aux usages et pratiques, aux conditions favorisant un
enseignement et un apprentissage de qualité ou encore aux retombées réelles de ces dispositifs sont peu
nombreuses. Certains travaux démontrent toutefois que ces dispositifs technologiques ne sont pas
nécessairement adaptés aux multiples besoins de l’enseignement et de l’apprentissage (Alhlak,
Ramakrisnan, Hameed et Mohseni, 2012) et qu’ils n’ont pas été conçus pour faciliter la mise en œuvre
des nombreuses méthodes et approches pédagogiques (Gillies, 2008; Lawson, Comber, Gage et Cullum-
Hanshaw, 2010).
Plusieurs questions émergent : comment agissent les acteurs (formateurs, apprenants ou autres) engagés
dans de tels dispositifs? En quoi ces dispositifs transforment-ils l’enseignement et l’apprentissage? Quelles
compétences doivent développer les acteurs de la formation? Quels rôles peuvent jouer les conseillers et
ingénieurs pédagogiques? Quels sont les enjeux institutionnels propres au déploiement de ce type de
dispositifs et comment marquent-ils l’enseignement et l’apprentissage? Quelles sont les conditions qui
participent du succès de ces contextes particuliers? Quels enjeux méthodologiques émergent de létude
de ces contextes?
Alors que la formation à distance s’intègre de plus en plus à l’offre de formation en enseignement supérieur
et qu’elle mise sur l’exploitation de dispositifs numériques facilitant la téléprésence, ces questions
deviennent centrales. La fermeture généralisée des établissements denseignement, provoquée par la
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themes, the book is based on various research studies on telepresence, thus providing a broad
overview of this crucial topic for e-learning.
Keywords:
telepresence, coaching, teaching, robotics
RESUMEN
Dirigida por Jean-Luc Rinaudo, "La téléprésence en formation" es el resultado de un simposio
celebrado en 2017 que reunió a investigadores de cuatro países diferentes (Francia, Bélgica,
Suiza y Canadá) durante las reuniones de la Red Internacional de Investigación en Educación
y Formación (Réseau international de recherche en éducation et formation - REF). El libro,
que consta de nueve capítulos divididos en tres temas, se basa en varios estudios de
investigación sobre la telepresencia, proporcionando una amplia visión general de este tema
clave para el aprendizaje en línea.
Palabras clave:
tele
presencia, entrenamiento,
enseñanza, robótica
Présentation
La formation à distance (FAD) ou en ligne (FEL) repose sur différents dispositifs à la fois pédagogiques et
numériques au service d’une médiation. Chacun de ces dispositifs représente un nouvel espace, un
cyberespace, dans lequel formateur et apprenants peuvent échanger et former une communauté au
service de l’apprentissage. Selon diverses articulations exercées entre présence et absence, la
téléprésence relève de la possibilité de faire fi des distances à parcourir (et parfois même de contraintes
temporelles) afin de se réunir virtuellement et de participer collectivement à une expérience éducative
reposant sur une utilisation judicieuse du numérique.
Robots de téléprésence, réalité virtuelle, salles de visioconférence immersives et hologrammes… Tout
cela n’est plus de la science-fiction! Peu importe les outils technologiques ou les écosystèmes numériques,
la téléprésence repose entre autres sur l’importance de ces rencontres avec un formateur ou entre pairs
afin de contrer l’isolement, véritable bête noire de la FEL, et de tendre vers un apprentissage davantage
collaboratif.
Dirigé par Jean-Luc Rinaudo, La téléprésence en formation découle de la tenue en 2017 d’un symposium
ayant regroupé des chercheuses et chercheurs de quatre différents pays (France, Belgique, Suisse et
Canada) lors des rencontres du Réseau international de recherche en éducation et formation (RÉF).
Composé de neuf chapitres répartis selon trois thèmes, l’ouvrage repose sur différents travaux de
recherche s’intéressant à la téléprésence, et offre ainsi un vaste panorama de ce sujet phare pour la FEL.
Notre point de vue suivra une synthèse des différents chapitres, regroupés selon les trois thèmes.
1. Téléprésence et accompagnement d’étudiants
Dans le premier chapitre, Brigitte Denis s’intéresse au sentiment de présence de e-tuteurs devant utiliser
un dispositif hybride afin d’accompagner leurs étudiants. Au service de l’engagement et du processus
réflexif des tutorés, ce dispositif (comprenant un portfolio numérique) permet différentes modalités
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Mots-clés : visioconférence, téléprésence, webconférence, enseignement supérieur
ABSTRACT
At a time when the world is going through a health crisis that is transforming human relations
and the relationship to training, this special issue proposes to question distance learning and
more specifically telepresence in higher education. The authors offer new insights by placing
at the heart of their concerns the human dimension of synchronous and distant teaching and
learning activities.
Keywords: videoconferencing, telepresence, web conferencing, higher education
RESUMEN
En un momento en el que el mundo atraviesa una crisis sanitaria que está transformando las
relaciones humanas y en relación con la formación, este número especial se propone
reflexionar sobre la enseñanza a distancia y, más concretamente, sobre la telepresencia en
la enseñanza superior. Los autores ofrecen nuevas perspectivas al situar, en el centro de sus
preocupaciones, la dimensión humana de las actividades de enseñanza y aprendizaje
sincrónicas y a distancia.
Palabras clave: videoconferencia, telepresencia, conferencia web, educación superior
Malgré un usage grandissant en enseignement supérieur de dispositifs numériques permettant la création
de contextes d’enseignement et d’apprentissage synchrones et distants (visioconférence, téléprésence et
webconférence), les études scientifiques relatives aux usages et pratiques, aux conditions favorisant un
enseignement et un apprentissage de qualité ou encore aux retombées réelles de ces dispositifs sont peu
nombreuses. Certains travaux démontrent toutefois que ces dispositifs technologiques ne sont pas
nécessairement adaptés aux multiples besoins de l’enseignement et de l’apprentissage (Alhlak,
Ramakrisnan, Hameed et Mohseni, 2012) et qu’ils n’ont pas été conçus pour faciliter la mise en œuvre
des nombreuses méthodes et approches pédagogiques (Gillies, 2008; Lawson, Comber, Gage et Cullum-
Hanshaw, 2010).
Plusieurs questions émergent : comment agissent les acteurs (formateurs, apprenants ou autres) engagés
dans de tels dispositifs? En quoi ces dispositifs transforment-ils l’enseignement et l’apprentissage? Quelles
compétences doivent développer les acteurs de la formation? Quels rôles peuvent jouer les conseillers et
ingénieurs pédagogiques? Quels sont les enjeux institutionnels propres au déploiement de ce type de
dispositifs et comment marquent-ils l’enseignement et l’apprentissage? Quelles sont les conditions qui
participent du succès de ces contextes particuliers? Quels enjeux méthodologiques émergent de létude
de ces contextes?
Alors que la formation à distance s’intègre de plus en plus à l’offre de formation en enseignement supérieur
et qu’elle mise sur l’exploitation de dispositifs numériques facilitant la téléprésence, ces questions
deviennent centrales. La fermeture généralisée des établissements denseignement, provoquée par la
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d’interaction, voire une proximité, et par le fait même, différents signes de présence (ou de téléprésence).
Grâce à des entretiens menés auprès de tuteurs impliqués, cette étude exploratoire dégage les outils
asynchrones qu’ils emploient, ainsi que certaines conditions de réalisation, dont la proactivité des e-tuteurs
et la fréquence des échanges. Porteuses de présence, les interventions des e-tuteurs vont du soutien
socio-affectif au soutien à l’apprentissage, mais l’auteure souligne l’importance d’une prise de contact
hâtive ainsi que des relations empreintes d’aménité. Ainsi, cette étude permet de clarifier notre
compréhension des rôles des e-tuteurs face à l’hybridation du travail d’accompagnement.
Gustavo Angulo et Cathia Papi proposent une recension quant à la téléprésence en contexte de
collaboration à distance entre étudiants et directeurs de recherche. D’emblée, l’accompagnement entre
pairs est identifié comme une stratégie de soutien mais également de présence, en réponse au concept
de distance tout particulièrement la distance pédagogique de Jacquinot (1993, 2010). Cette démarche
étant à la fois sociale, cognitive et éducative, il s’avère nécessaire de gérer la « non-présence » lors de
l’accompagnement à distance des étudiants-chercheurs. Au-delà de l’incidence des pairs, le chapitre
mentionne l’importance de l’autonomie des étudiants, la complémentarité des approches individuelles et
communautaires, ainsi que le rôle du professeur au sein de cette communauté en ligne.
Le chapitre de Ann-Louise Davidson et Nadia Naffi relève d’une formation offerte à distance selon une
approche par problème et reposant sur un dispositif utilisant entre autres les médias sociaux pour
contribuer à une téléprésence. Combinant les modes synchrone et asynchrone, la formation étudiée se
voulait flexible, voire ajustée à la réalité des étudiants (qui ne se croiseront jamais), en plus d’offrir des
occasions de réflexion. Selon une méthodologie qui s’apparente au self-study, les auteures soulèvent
certains enjeux quant à la mise en œuvre d’une telle innovation, dont la formation des étudiants quant à
l’apprentissage à travailler en ligne, et à l’apprentissage par problème. Les défis du travail de groupe
s’ajoutent à cela. Notons également des retombées intéressantes d’une utilisation du réseau social
Facebook : non seulement les étudiants n’ont jamais quitté le groupe du cours, mais celui-ci a continué à
être dynamique et à compter de nouveaux membres.
2. Téléprésence en formation à l’enseignement
Pour Romaine Carrupt, la classe virtuelle (CV) est un outil de téléprésence permettant une hybridation de
la formation, dont en contexte d’alternance, grâce à des conditions d’échanges et de collaborations qui
s’apparentent à une communication authentique en présentiel. L’étude se penche sur l’efficacité d’une
médiation au cœur de cette CV en termes de construction de savoirs professionnels. Par une étude
exploratoire reposant sur la comparaison de groupes accompagnés en présentiel et d’autres utilisant la
CV, il s’avère que les étudiants se réfèrent davantage aux savoirs scientifiques en CV, et aux savoirs
expérientiels en présentiel.
Le chapitre de Stéphanie Boéchat-Heer se penche sur le sentiment d’auto-efficacité et les stratégies de
six professeurs universitaires misant sur un dispositif de téléprésence pour accompagner des travaux
d’étudiants. Par des analyses issues de méthodes mixtes, il se dégage une différence significative entre
les professeurs initiés à la téléprésence et les autres (les non-initiés) quant aux dimensions cognitives, le
sentiment d’auto-efficacité et la communication au cours d’un tel accompagnement. Les stratégies relèvent
d’une meilleure planification (voire d’une anticipation), d’une rencontre en présentiel en amont de l’activité,
et d’une vérification soutenue de la compréhension chez les étudiants. Certains répondants évoquent
même une posture « quasi encadrante » afin de palier à la perte de repères que peut provoquer la distance.
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At a time when the world is going through a health crisis that is transforming human relations
and the relationship to training, this special issue proposes to question distance learning and
more specifically telepresence in higher education. The authors offer new insights by placing
at the heart of their concerns the human dimension of synchronous and distant teaching and
learning activities.
Keywords: videoconferencing, telepresence, web conferencing, higher education
RESUMEN
En un momento en el que el mundo atraviesa una crisis sanitaria que está transformando las
relaciones humanas y en relación con la formación, este número especial se propone
reflexionar sobre la enseñanza a distancia y, más concretamente, sobre la telepresencia en
la enseñanza superior. Los autores ofrecen nuevas perspectivas al situar, en el centro de sus
preocupaciones, la dimensión humana de las actividades de enseñanza y aprendizaje
sincrónicas y a distancia.
Palabras clave: videoconferencia, telepresencia, conferencia web, educación superior
Malgré un usage grandissant en enseignement supérieur de dispositifs numériques permettant la création
de contextes d’enseignement et d’apprentissage synchrones et distants (visioconférence, téléprésence et
webconférence), les études scientifiques relatives aux usages et pratiques, aux conditions favorisant un
enseignement et un apprentissage de qualité ou encore aux retombées réelles de ces dispositifs sont peu
nombreuses. Certains travaux démontrent toutefois que ces dispositifs technologiques ne sont pas
nécessairement adaptés aux multiples besoins de l’enseignement et de l’apprentissage (Alhlak,
Ramakrisnan, Hameed et Mohseni, 2012) et qu’ils n’ont pas été conçus pour faciliter la mise en œuvre
des nombreuses méthodes et approches pédagogiques (Gillies, 2008; Lawson, Comber, Gage et Cullum-
Hanshaw, 2010).
Plusieurs questions émergent : comment agissent les acteurs (formateurs, apprenants ou autres) engagés
dans de tels dispositifs? En quoi ces dispositifs transforment-ils l’enseignement et l’apprentissage? Quelles
compétences doivent développer les acteurs de la formation? Quels rôles peuvent jouer les conseillers et
ingénieurs pédagogiques? Quels sont les enjeux institutionnels propres au déploiement de ce type de
dispositifs et comment marquent-ils l’enseignement et l’apprentissage? Quelles sont les conditions qui
participent du succès de ces contextes particuliers? Quels enjeux méthodologiques émergent de létude
de ces contextes?
Alors que la formation à distance s’intègre de plus en plus à l’offre de formation en enseignement supérieur
et qu’elle mise sur l’exploitation de dispositifs numériques facilitant la téléprésence, ces questions
deviennent centrales. La fermeture généralisée des établissements denseignement, provoquée par la
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3. Téléprésence et robotique
Les robots de téléprésence sont-ils la solution à une inclusion des étudiants à besoins particuliers?
Le chapitre de Françoise Poyet se penche sur cette nouvelle forme de présence en contexte universitaire
une véritable révolution phénoménologique selon Vial (2013) en s’intéressant aux perceptions des
étudiants qui doivent s’habituer aux robots à distance jusqu’à s’approprier une nouvelle façon d’habiter
l’espace. Cette accommodation semble nécessaire afin de pouvoir manipuler l’artefact à distance.
Heureusement, l’appropriation technique s’avère quasi intuitive. Le sentiment d’ubiquité est toutefois altéré
par des perceptions visuelles et auditives limitées. Le robot trouve difficilement sa place en classe et doit
négocier de nouvelles distances interpersonnelles avec les autres étudiants, sans nuire au bon climat
d’apprentissage. Ainsi, le robot de téléprésence semble s’inscrire dans une continuité pédagogique, tout
en introduisant des changements fondamentaux au plan perceptif des étudiants (qui apprécient cette voie
de compensation pour leur handicap).
Dans le même esprit, la thèse de Dorothée Furnon s’intéresse aux remous sociaux (pour l’étudiant, envers
le professeur, les pairs) suscités par l’arrivée en classe de ces robots. Si les acteurs se voient au travers
un écran (un peu comme lors d’une visioconférence), l’intérêt du robot relève de cette possibilité de
déplacements, selon le contrôle de l’apprenant en ligne. Le contexte de cette étude en est un de travail
collaboratif entre pairs, lors d’une résolution de problème en chimie. Selon un éclairage par la théorie de
l’activité d’Engeström (1987) et une méthodologie mixte, les données mettent également de l’avant le
nécessaire ajustement sonore (de la part de l’étudiant-pilote, mais aussi des pairs), considérant
l’importance du son pour l’interaction de l’apprenant avec son environnement social et numérique. Autre
ajustement : il s’avère que le formateur et les pairs adaptent leurs interventions avec le robot selon la
vignette vidéo retour sur l’écran du robot (qui correspond à ce que l’étudiant perçoit à distance de la
situation en classe).
Quant à Jean-Luc Rinaudo, il s’intéresse à la réalité psychique des étudiants aux commandes de tels
robots (nommé robots esclaves par leur non-capacité à décider de leurs propres actions). Pour lui, ils sont
également des avatars représentant les absents. À partir d’entretiens avec des étudiants ayant eu à
s’absenter de la classe et ayant pu utiliser un tel dispositif, le chercheur rapporte leur étonnement et leur
reconnaissance face à l’opportunité qui s’offrait à eux. Grâce à ce « dispositif de sujet augmenté » et à
une implication soutenue, ils ont pu maintenir, voire renforcir les liens avec leurs pairs, et ce en dépit de
leur isolement. En classe, les pairs s’adressaient directement aux étudiants absents, à travers des robots
personnalisés, provoquant ainsi, une forme d’ubiquité.
Dans le dernier chapitre, Christine Develotte témoigne de la conception d’un dispositif misant sur la
téléprésence (et les robots) afin de réunir plusieurs étudiants internationaux inscrits à un séminaire
doctoral. Ce retour d’expérience (dont les principaux résultats restent à venir) rapporte un accueil favorable
réservé à cette innovation, mais la chercheuse nous rappelle qu’il ne faut pas croire que ce sera toujours
ainsi.
Point de vue
Dans La téléprésence en formation, Jean-Luc Rinaudo mentionne que nous sommes dans un « moment
robotique », soulignant que notre société est prête à accueillir les robots en contexte éducatif. À la lecture
de ce recueil, tout laisse croire qu’il en est de même pour les autres outils technologiques porteurs de
téléprésence considérant la place occupée par la FAD et la FEL au détriment des formations en présentiel
(Bates et al., 2019). Ainsi, l’« ère de la téléprésence » ne fait que commencer, et cet ouvrage collectif
comporte plusieurs repères et pistes de réflexion à cet égard.
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and the relationship to training, this special issue proposes to question distance learning and
more specifically telepresence in higher education. The authors offer new insights by placing
at the heart of their concerns the human dimension of synchronous and distant teaching and
learning activities.
Keywords: videoconferencing, telepresence, web conferencing, higher education
RESUMEN
En un momento en el que el mundo atraviesa una crisis sanitaria que está transformando las
relaciones humanas y en relación con la formación, este número especial se propone
reflexionar sobre la enseñanza a distancia y, más concretamente, sobre la telepresencia en
la enseñanza superior. Los autores ofrecen nuevas perspectivas al situar, en el centro de sus
preocupaciones, la dimensión humana de las actividades de enseñanza y aprendizaje
sincrónicas y a distancia.
Palabras clave: videoconferencia, telepresencia, conferencia web, educación superior
Malgré un usage grandissant en enseignement supérieur de dispositifs numériques permettant la création
de contextes d’enseignement et d’apprentissage synchrones et distants (visioconférence, téléprésence et
webconférence), les études scientifiques relatives aux usages et pratiques, aux conditions favorisant un
enseignement et un apprentissage de qualité ou encore aux retombées réelles de ces dispositifs sont peu
nombreuses. Certains travaux démontrent toutefois que ces dispositifs technologiques ne sont pas
nécessairement adaptés aux multiples besoins de l’enseignement et de l’apprentissage (Alhlak,
Ramakrisnan, Hameed et Mohseni, 2012) et qu’ils n’ont pas été conçus pour faciliter la mise en œuvre
des nombreuses méthodes et approches pédagogiques (Gillies, 2008; Lawson, Comber, Gage et Cullum-
Hanshaw, 2010).
Plusieurs questions émergent : comment agissent les acteurs (formateurs, apprenants ou autres) engagés
dans de tels dispositifs? En quoi ces dispositifs transforment-ils l’enseignement et l’apprentissage? Quelles
compétences doivent développer les acteurs de la formation? Quels rôles peuvent jouer les conseillers et
ingénieurs pédagogiques? Quels sont les enjeux institutionnels propres au déploiement de ce type de
dispositifs et comment marquent-ils l’enseignement et l’apprentissage? Quelles sont les conditions qui
participent du succès de ces contextes particuliers? Quels enjeux méthodologiques émergent de létude
de ces contextes?
Alors que la formation à distance s’intègre de plus en plus à l’offre de formation en enseignement supérieur
et qu’elle mise sur l’exploitation de dispositifs numériques facilitant la téléprésence, ces questions
deviennent centrales. La fermeture généralisée des établissements denseignement, provoquée par la
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Il ne faudrait pas confondre présence et téléprésence (peut-on parler de « sentiment de téléprésence »?).
Heureusement, plusieurs des auteurs situent judicieusement la téléprésence entre absence et présence
(d’où l’importance de bien distinguer et situer tous ces concepts) en introduisant parfois de la distance au
sein du présentiel, au profit d’une nouvelle forme d’hybridation (par une utilisation de robots de
téléprésence en salle de classe par exemple). Grâce au numérique, il y a représentation du corps au sein
d’espaces virtuels, mais également prolongement du corps au sein d’espaces concrets. Peu importe
l’espace, la téléprésence se doit d’être au service de ces nouvelles formes d’accompagnement collectif,
par lesquelles les besoins individuels côtoient ceux d’une communauté en ligne.
Ces études au caractère exploratoire soulignent bien l’ouverture, voire la complexification de l’hybridation
en formation, tout en identifiant quelques enjeux, dont celui de la formation continue afin de développer
les compétences numériques des étudiants et des formateurs.
Les études du recueil témoignent également de nombreux ajustements nécessaires (dont en ce qui a trait
aux considérations de l’aspect social d’un accompagnement en ligne), mais ceux-ci reviennent souvent à
cette idée d’apprivoiser la distance. Les ajustements afin de favoriser les apprentissages demeurent à
identifier; cela nécessitera des études davantage longitudinales qui vont au-delà des perceptions des
étudiants et des pratiques rapportées des formateurs (qui sont parfois les chercheurs des études).
Liste de références
Bates, T., Donovan, T., Seaman, J., Mayer, D., Martel, É., Paul, R., Seaman, J. (2019). Évolution de la formation à
distance et de l’apprentissage en ligne dans les universités et collèges du Canada. Rapport public. Association
canadienne de recherche sur la formation en ligne. https://eduq.info/xmlui/bitstream/handle/11515/35353/evolution-
formation-distance-apprentissage-ligne-universites-colleges-canada-2017.pdf
Engeström, Y. (1987). Learning by expanding: An activity-theoretical approach to developmental research. Orienta-Kosultit
Oy.
Jacquinot, G. (1993). Apprivoiser la distance et supprimer l’absence? Ou les défis de la formation à distance. Revue
française de pédagogie, 1993(102), 55-67.
Jacquinot, G. (2010). Entre présence et absence. Distances et savoirs, 8(2), 153-165.
Vial, S. (2013). L’être et l’écran. PUF.
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