
revue-mediations.teluq.ca | No. 3, 2020
Mots-clés : visioconférence, téléprésence, webconférence, enseignement supérieur
ABSTRACT
At a time when the world is going through a health crisis that is transforming human relations
and the relationship to training, this special issue proposes to question distance learning and
more specifically telepresence in higher education. The authors offer new insights by placing
at the heart of their concerns the human dimension of synchronous and distant teaching and
learning activities.
Keywords: videoconferencing, telepresence, web conferencing, higher education
RESUMEN
En un momento en el que el mundo atraviesa una crisis sanitaria que está transformando las
relaciones humanas y en relación con la formación, este número especial se propone
reflexionar sobre la enseñanza a distancia y, más concretamente, sobre la telepresencia en
la enseñanza superior. Los autores ofrecen nuevas perspectivas al situar, en el centro de sus
preocupaciones, la dimensión humana de las actividades de enseñanza y aprendizaje
sincrónicas y a distancia.
Palabras clave: videoconferencia, telepresencia, conferencia web, educación superior
Malgré un usage grandissant en enseignement supérieur de dispositifs numériques permettant la création
de contextes d’enseignement et d’apprentissage synchrones et distants (visioconférence, téléprésence et
webconférence), les études scientifiques relatives aux usages et pratiques, aux conditions favorisant un
enseignement et un apprentissage de qualité ou encore aux retombées réelles de ces dispositifs sont peu
nombreuses. Certains travaux démontrent toutefois que ces dispositifs technologiques ne sont pas
nécessairement adaptés aux multiples besoins de l’enseignement et de l’apprentissage (Alhlak,
Ramakrisnan, Hameed et Mohseni, 2012) et qu’ils n’ont pas été conçus pour faciliter la mise en œuvre
des nombreuses méthodes et approches pédagogiques (Gillies, 2008; Lawson, Comber, Gage et Cullum-
Hanshaw, 2010).
Plusieurs questions émergent : comment agissent les acteurs (formateurs, apprenants ou autres) engagés
dans de tels dispositifs? En quoi ces dispositifs transforment-ils l’enseignement et l’apprentissage? Quelles
compétences doivent développer les acteurs de la formation? Quels rôles peuvent jouer les conseillers et
ingénieurs pédagogiques? Quels sont les enjeux institutionnels propres au déploiement de ce type de
dispositifs et comment marquent-ils l’enseignement et l’apprentissage? Quelles sont les conditions qui
participent du succès de ces contextes particuliers? Quels enjeux méthodologiques émergent de l’étude
de ces contextes?
Alors que la formation à distance s’intègre de plus en plus à l’offre de formation en enseignement supérieur
et qu’elle mise sur l’exploitation de dispositifs numériques facilitant la téléprésence, ces questions
deviennent centrales. La fermeture généralisée des établissements d’enseignement, provoquée par la
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d’interaction, voire une proximité, et par le fait même, différents signes de présence (ou de téléprésence).
Grâce à des entretiens menés auprès de tuteurs impliqués, cette étude exploratoire dégage les outils
asynchrones qu’ils emploient, ainsi que certaines conditions de réalisation, dont la proactivité des e-tuteurs
et la fréquence des échanges. Porteuses de présence, les interventions des e-tuteurs vont du soutien
socio-affectif au soutien à l’apprentissage, mais l’auteure souligne l’importance d’une prise de contact
hâtive ainsi que des relations empreintes d’aménité. Ainsi, cette étude permet de clarifier notre
compréhension des rôles des e-tuteurs face à l’hybridation du travail d’accompagnement.
Gustavo Angulo et Cathia Papi proposent une recension quant à la téléprésence en contexte de
collaboration à distance entre étudiants et directeurs de recherche. D’emblée, l’accompagnement entre
pairs est identifié comme une stratégie de soutien mais également de présence, en réponse au concept
de distance – tout particulièrement la distance pédagogique – de Jacquinot (1993, 2010). Cette démarche
étant à la fois sociale, cognitive et éducative, il s’avère nécessaire de gérer la « non-présence » lors de
l’accompagnement à distance des étudiants-chercheurs. Au-delà de l’incidence des pairs, le chapitre
mentionne l’importance de l’autonomie des étudiants, la complémentarité des approches individuelles et
communautaires, ainsi que le rôle du professeur au sein de cette communauté en ligne.
Le chapitre de Ann-Louise Davidson et Nadia Naffi relève d’une formation offerte à distance selon une
approche par problème et reposant sur un dispositif utilisant entre autres les médias sociaux pour
contribuer à une téléprésence. Combinant les modes synchrone et asynchrone, la formation étudiée se
voulait flexible, voire ajustée à la réalité des étudiants (qui ne se croiseront jamais), en plus d’offrir des
occasions de réflexion. Selon une méthodologie qui s’apparente au self-study, les auteures soulèvent
certains enjeux quant à la mise en œuvre d’une telle innovation, dont la formation des étudiants quant à
l’apprentissage à travailler en ligne, et à l’apprentissage par problème. Les défis du travail de groupe
s’ajoutent à cela. Notons également des retombées intéressantes d’une utilisation du réseau social
Facebook : non seulement les étudiants n’ont jamais quitté le groupe du cours, mais celui-ci a continué à
être dynamique et à compter de nouveaux membres.
2. Téléprésence en formation à l’enseignement
Pour Romaine Carrupt, la classe virtuelle (CV) est un outil de téléprésence permettant une hybridation de
la formation, dont en contexte d’alternance, grâce à des conditions d’échanges et de collaborations qui
s’apparentent à une communication authentique en présentiel. L’étude se penche sur l’efficacité d’une
médiation au cœur de cette CV en termes de construction de savoirs professionnels. Par une étude
exploratoire reposant sur la comparaison de groupes accompagnés en présentiel et d’autres utilisant la
CV, il s’avère que les étudiants se réfèrent davantage aux savoirs scientifiques en CV, et aux savoirs
expérientiels en présentiel.
Le chapitre de Stéphanie Boéchat-Heer se penche sur le sentiment d’auto-efficacité et les stratégies de
six professeurs universitaires misant sur un dispositif de téléprésence pour accompagner des travaux
d’étudiants. Par des analyses issues de méthodes mixtes, il se dégage une différence significative entre
les professeurs initiés à la téléprésence et les autres (les non-initiés) quant aux dimensions cognitives, le
sentiment d’auto-efficacité et la communication au cours d’un tel accompagnement. Les stratégies relèvent
d’une meilleure planification (voire d’une anticipation), d’une rencontre en présentiel en amont de l’activité,
et d’une vérification soutenue de la compréhension chez les étudiants. Certains répondants évoquent
même une posture « quasi encadrante » afin de palier à la perte de repères que peut provoquer la distance.
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